Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé samedi que la loi d'urgence, adoptée en 1962 et dont l'abrogation est l'une des principales revendications des contestataires, serait abolie dans «une semaine maximum», lors d'un discours devant le nouveau gouvernement.

Le président Assad, au pouvoir depuis 2000, a par ailleurs exprimé sa tristesse pour les personnes mortes et blessées durant les manifestations contre le régime depuis le 15 mars, début du mouvement de contestation.

«La commission juridique sur la loi d'urgence a élaboré une série de propositions en vue d'une nouvelle législation. Ces propositions seront soumises au gouvernement qui promulguera des lois (...) dans une semaine maximum», a dit le président Assad, qui présidait la première séance du Conseil des ministres.

Selon lui, «la levée de la loi d'urgence va renforcer la sécurité en Syrie et préservera la dignité du citoyen».

Le 31 mars, le président Assad avait chargé une commission de rédiger, d'ici le 25 avril, une nouvelle législation pour remplacer la loi d'urgence.

C'est en s'appuyant sur la loi d'urgence adoptée fin 1962 que le parti Baas avait décrété l'état d'urgence dès son arrivée au pouvoir en mars 1963.

Elle réduit sensiblement les libertés publiques, impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de «suspects ou de personnes menaçant la sécurité».

«Le sang versé nous fait beaucoup de peine (...). Nous regrettons la mort de toutes les personnes, civils ou forces armées, et les considérons comme des martyrs», a ajouté M. Assad lors de ce discours, retransmis par la télévision.

Selon Amnesty International, au moins 200 personnes ont été tuées dans la répression, la plupart par les forces de sécurité ou par des policiers en civil.

De leur côté, les autorités accusent des bandes «criminelles» ou «armées» d'être responsables des tirs qui ont tué manifestants et forces de l'ordre.

«Nous avons constaté ces derniers jours un fossé entre le citoyen et les institutions de l'État, ce fossé doit être rapidement comblé», a encore ajouté le président, alors que les autorités avaient déjà reconnu que les revendications de la population étaient légitimes.

M. Assad a aussi énuméré une série de problèmes qui ont conduit selon lui les gens à manifester, parlant notamment du chômage et de la corruption.

«La corruption est une menace pour l'avenir du pays et son développement», a-t-il dit notamment.

Le président était intervenu publiquement pour la première fois depuis le début des troubles, le 30 mars, dénonçant une «conspiration» contre son pays.

Un nouveau gouvernement a été formé jeudi, avec pour tâche d'entreprendre un programme de réformes. Dirigé par Adel Safar, ancien ministre de l'Agriculture, il doit notamment s'atteler à la levée de la loi d'urgence, ainsi qu'à la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique.

Des manifestations ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes ont eu lieu vendredi à travers tout le pays, l'une des mobilisations les plus importantes depuis un mois.