Le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé vendredi soir un programme de réformes politiques prévoyant d'ici un an une modification de la Constitution, de la loi électorale et celle concernant la vie des partis politiques.

Dans un discours très attendu de 20 minutes, son premier depuis les révolutions qui embrasent le monde arabe, M. Bouteflika a précisé que ces réformes doivent être réalisées avant les «prochaines échéances électorales nationales» prévues en mai 2012.

«Conscient de la responsabilité qui m'incombe, fort de votre soutien et soucieux de préserver l'équilibre des pouvoirs, j'oeuvrerai à introduire des amendements législatifs et constitutionnels en vue de renforcer la démocratie représentative dans notre pays», a assuré M. Bouteflika

La Constitution de 1996 a été légèrement amendée en 2009 pour permettre à M. Bouteflika, 74 ans, de briguer un troisième mandat.

La modification annoncée vendredi soir était réclamée à la fois par l'opposition et par les trois partis de l'Alliance présidentielle.

«J'ai exprimé, à maintes reprises, ma volonté de faire réviser la Constitution et j'ai réaffirmé cette conviction et cette volonté à plusieurs occasions», a rappelé le chef de l'État algérien en annonçant la création d'une commission constitutionnelle «à laquelle participeront les courants politiques reconnus et des experts en droit constitutionnel».

La commission fera des propositions que M. Bouteflika va ensuite soumettre soit à l'approbation du parlement, soit par voie de référendum, a-t-il dit.

M. Bouteflika a également annoncé une «révision profonde» de la loi électorale pour permettre aux Algériens d'«exercer leur droit dans les meilleures conditions, empreintes de démocratie et de transparence».

Les partis politiques, présents ou non à l'Assemblée nationale, seront associés à la révision de cette loi, a assuré le chef de l'État.

Cette garantie concerne notamment le Front des Forces Socialistes (FFS) du dirigeant historique, Hocine Ait-Ahmed qui milite pour l'élection d'une Assemblée constituante. L'Algérie compte 26 partis reconnus. Une dizaine d'autres attendent, depuis des années, leur agrément par le ministère de l'Intérieur.

La loi sur les partis sera elle aussi révisée, a ajouté M. Bouteflika. Elle permettra, selon lui, une contribution «plus efficace de ces partis au processus de renouveau du pays».

Alors que l'opposition se plaint du verrouillage des médias audiovisuels, monopole de l'État, le président algérien a promis une révision de la loi sur les médias permettant «la création de chaînes thématiques spécialisées et ouvertes à toutes les opinions, dans leur diversité».

M. Bouteflika ne s'est pas engagé explicitement sur l'ouverture de l'audiovisuel aux investisseurs privés.

La loi sur l'information va garantir, selon lui la «dépénalisation du délit de presse».

Le président Bouteflika a rappelé qu'après «le recouvrement de la paix et de la sécurité» lors de son premier mandat (1999-2004), «le lancement de programmes de développement ambitieux» durant le deuxième quinquennat (2004-2009), il avait «décidé de parachever cette démarche par un programme de réformes politiques visant à approfondir le processus démocratique».

Évoquant brièvement les révolutions qui secouent le monde arabe, M. Bouteflika a réaffirmé l'attachement de l'Algérie «à la souveraineté des pays frères et à leur unité, son rejet de toute ingérence étrangère et son respect de la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale».