L'OTAN s'est engagée jeudi à «tout faire» pour protéger les civils libyens des troupes de Mouammar Kadhafi, dont la chute est désormais bien l'objectif avoué, mais sans réussir à mobiliser les quelques avions qui lui manquent pour assurer sa mission.

Comme pour ponctuer cet engagement, des avions ont survolé jeudi la capitale libyenne où de fortes explosions ont été entendues, suivies de tirs de défense antiaérienne, ont constaté des journalistes de l'AFP.

L'alliance a confirmé qu'elle avait besoin d'avions d'attaque au sol supplémentaires pour mener à bien sa mission, à l'issue d'un déjeuner de travail de ses 28 ministres des Affaires étrangères et de ceux de six autres partenaires de l'opération «Protecteur unifié», plus l'Union européenne.

Personne n'a immédiatement répondu à cette demande malgré les appels en ce sens de la France, du Royaume-Uni et du Danemark, trois des six pays à autoriser leurs avions à effectuer des frappes air-sol.

L'Espagne et les Pays-Bas, dont les avions de combat se contentent de contrôler l'espace aérien, ou l'Italie, dont les appareils font seulement du repérage de cible, n'ont pas changé d'attitude.

Avant la réunion de Berlin, Paris et Londres avaient claironné leur intention de presser les alliés d'«intensifier» les raids aériens en fournissant plus d'avions et en les autorisant à participer aux frappes.

Un diplomate allié avait évalué à une dizaine d'avions d'attaque au sol les besoins de l'OTAN.

Jeudi, le commandant en chef de l'OTAN en Europe, l'amiral James Stavridis, a fait un exposé aux ministres confirmant qu'il avait demandé il y a déjà plusieurs jours aux alliés de lui fournir «quelques avions», a indiqué le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen.

«Je suis convaincu que des pays (membres de l'OTAN) seront au rendez-vous pour fournir ces moyens», a-t-il ajouté, en évoquant des «indications» en ce sens.

Quant à la suite, l'OTAN continuera l'opération «Protecteur unifié» en Libye «aussi longtemps que ce sera nécessaire», a-t-il déclaré.

«Nous allons faire tout ce qu'il faut pour protéger les civils, et pas seulement en parole mais aussi en actions», a-t-il poursuivi, en soulignant que l'OTAN avait déjà effectué 2.000 missions depuis qu'elle avait pris en main les opérations le 31 mars.

Les chefs de la diplomatie ont adopté une déclaration dans laquelle ils exposent clairement leurs objectifs militaires en trois points, qui devront être satisfaits avant qu'il puisse être question d'un cessez-le-feu.

Toutes les attaques contre les civils doivent cesser. Les militaires doivent retourner dans leurs casernes et se retirer de toutes les villes où elles sont déployées ou qu'elles assiègent, telles Ajdabiya, Brega, Misrata et neuf autres dans l'ouest comme dans l'est du pays. Enfin, une aide humanitaire doit pouvoir être fournie en toute sécurité à tous ceux qui en auraient besoin à travers le pays.

Sur le terrain, un responsable de la rébellion libyenne a affirmé que les forces de Kadhafi avaient bombardé le port de Misrata, à l'est de Tripoli, faisant au moins 13 morts et une cinquantaine de blessés. Un journaliste a constaté de violents échanges de tirs à Ajdabiya.

Dans cette même déclaration, l'OTAN a «endossé fermement» l'appel lancé la veille par le Groupe de contact réuni à Doha pour que le colonel Kadhafi se retire.

C'est la première fois que l'OTAN se prononce aussi clairement et unanimement sur la nécessité du départ du pouvoir du chef libyen.

Une vingtaine de pays et d'organisations, dont l'ONU et l'OTAN, avaient participé à cette réunion à Doha du Groupe chargé de piloter le volet politique de l'intervention multinationale autorisée le 17 mars par les Nations unies.