Un groupe d'étudiants a observé lundi un sit-in à l'université de Damas en signe de solidarité avec les victimes de l'intervention des forces de l'ordre la veille à Banias, dans le nord-ouest de la Syrie, où au moins quatre personnes ont été tuées.

L'armée encerclait lundi la ville côtière de Banias, où selon des témoins les forces de sécurité ont ouvert le feu dimanche sur des habitants, en particulier devant des mosquées, faisant au moins quatre morts et 17 blessés.

L'agence officielle Sana a de son côté indiqué qu'une embuscade dimanche après-midi contre un convoi militaire sur une route de Banias avait fait neuf morts parmi les militaires, dont deux officiers, et plusieurs blessés.

À Damas, un groupe d'étudiants a observé un sit-in de solidarité avec les victimes de Deraa (sud) et de Banias dans l'enceinte de la faculté des sciences à l'Université de Damas.

«Les forces de l'ordre sont intervenues et il y aurait eu des arrestations», a déclaré le militant des droits de l'Homme Abdel-Karim Rihaoui.

La Syrie est en proie à un mouvement de contestation du pouvoir depuis le 15 mars. Depuis vendredi, des manifestations violentes ont fait une trentaine de morts, en particulier à Deera et Banias, malgré les promesses de réformes du régime du président Bachar al-Assad.

Un des chefs de file des manifestants à Banias, Anas al-Shouhri, a raconté à l'AFP que la ville était «assiégée par plus de 30 chars», et a fait part d'«arrestations dans la nuit» dans cette ville à 280 km au nord-ouest de Damas, où se trouve l'une des deux raffineries de pétrole du pays.

«L'armée tire épisodiquement pour provoquer les gens (...) mais aucun manifestant n'a tiré», a affirmé un autre militant qui a requis l'anonymat.

«Trois soldats ont essayé de rallier les manifestants après avoir refusé d'ouvrir le feu mais leurs supérieurs leur ont tiré dessus et ils ont été blessés», a encore ajouté ce militant.

«Les sbires du régime et les forces de sécurité (...) tirent sur nos quartiers. Trois des morts d'hier ont été tués par des snipers», a dit Anas al-Shouhri à l'AFP.

Selon un militant des droits de l'Homme joint par téléphone, le calme était revenu dans la ville en fin d'après-midi.

Les funérailles de quatre personnes tuées dimanche se sont déroulées lundi matin sans incident, selon le militant Abdel Karim Rihaoui, qui a précisé que l'armée était postée aux carrefours.

M. Rihaoui a également évoqué l'arrestation dans la nuit à Banias de deux proches de l'ancien vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, entré en dissidence et qui vit en exil à Paris depuis 2006.

Une manifestation «pacifiste» réclamant la chute du régime avait eu lieu samedi après-midi à Banias et les habitants, craignant des descentes des pro-régime, avaient formé des comités populaires et érigé des barrages pour protéger les quartiers, selon un militant.

Lundi, la France a exhorté Damas «à renoncer immédiatement à l'usage de la force contre les manifestants». Le gouvernement allemand également a condamné les violences commises par les forces de sécurité contre des manifestants en Syrie, qu'il a jugées «révoltantes» et «consternantes».

Le roi Abdallah II de Jordanie a cependant envoyé un message au président Assad pour réaffirmer l'attachement de son pays à établir «les meilleures relations» avec Damas, selon l'agence officielle syrienne Sana.

Et dans un communiqué diffusé par Sana, le Front national progressiste (FNP, coalition de partis dirigés par le parti Baas) a affirmé que le pays était confronté à «des défis dangereux en raison des complots et des pressions extérieures».

«Pour pouvoir réaliser des réformes politiques, économiques et démocratiques, le calme et la stabilité doivent régner dans la société», a ajouté le FNP.