Les rebelles libyens réclament le retrait des forces loyalistes et la liberté de manifester avant d'envisager un cessez-le-feu alors qu'une délégation de médiateurs africains est arrivée lundi à Benghazi avec une «feuille de route» acceptée par Mouammar Kadhafi.

«Les gens doivent être autorisés à aller dans la rue pour exprimer leur opinion et les soldats doivent retourner dans leurs casernes», a déclaré à l'AFP lundi Chamseddine Abdelmaoula, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, représentant la rébellion), dans le fief rebelle de Benghazi, dans l'est du pays.

«Si les gens se sentent libres de sortir et d'aller manifester à Tripoli, j'imagine que toute la Libye serait alors libérée en très peu de temps», a-t-il ajouté.

Il a également exigé la libération de plusieurs centaines de personnes portées disparues depuis le début, à la mi-février, du soulèvement populaire contre le régime du colonel Kadhafi et qui seraient aux mains des forces loyalistes.

La délégation de médiateurs de l'Union africaine, qui a rencontré la veille à Tripoli le colonel Mouammar Kadhafi pendant plusieurs heures dans sa résidence de Bab el-Aziziya, est arrivée à la mi-journée à Benghazi (1000 kilomètres à l'est de Tripoli).

La délégation de l'UA, composée des présidents Jacob Zuma (Afrique du Sud), Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Denis Sassou Nguesso (Congo), ainsi que du ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello, était venue plaider en particulier pour un arrêt des combats.

«La délégation du frère leader a accepté la feuille de route comme nous l'avons présentée», a annoncé le président Zuma dimanche soir après les entretiens, ajoutant qu'un «appel sera lancé à l'OTAN pour qu'il cesse ses bombardements afin de donner une chance à un cessez-le-feu».

Le président sud-africain a indiqué qu'il quittait la Libye dimanche soir, mais que les autres membres de la délégation allaient se rendre lundi à Benghazi pour rencontrer les chefs des rebelles.

La «feuille de route» prévoit notamment la «cessation immédiate des hostilités», la facilitation de l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations et le lancement d'un dialogue «entre les parties libyennes» en vue d'une période de transition, a pour sa part déclaré le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtan Lamamra, lisant un communiqué devant la presse.

Les membres du Groupe de contact sur la Libye, mis en place à Londres fin mars, doivent se réunir mercredi au Qatar pour tenter d'ébaucher une solution réaliste à la crise, près de deux mois après le début de la révolte le 15 février.

Ils devront tenir compte des limites du mandat de l'ONU qui a autorisé pour des raisons humanitaires l'intervention armée lancée le 19 mars et de l'absence d'une direction de la rébellion libyenne reconnue par tous.

Sur le terrain, les combats dans et autour d'Ajdabiya (est) ont fait au moins 12 morts et 17 blessés ce week-end, selon les hôpitaux de Benghazi, où les victimes ont été transportées.

Dimanche, pour la deuxième journée consécutive, les forces gouvernementales ont bombardé Ajdabiya, selon un correspondant de l'AFP, alors que la rébellion dit avoir tué trois mercenaires algériens et en avoir capturé 15 autres.

Dans l'ouest du pays, les combats ont fait au moins 11 morts au cours du week-end à Misrata, ville rebelle assiégée et bombardée depuis un mois et demi par les forces gouvernementales.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé dimanche son inquiétude au sujet des milliers de réfugiés égyptiens, soudanais, tchadiens ou d'autres pays bloqués près du port de Misrata, sous des bâches et des abris de fortune.

À Bruxelles, l'OTAN a annoncé dimanche avoir détruit au moins 26 chars des troupes gouvernementales dimanche, 12 près d'Ajdabiya et 14 près de Misrata.

Le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini a estimé lundi que le colonel Kadhafi et sa famille ne pourraient jouer aucun rôle politique de premier plan en Libye à l'avenir, dans un entretien à la radio française Europe 1.

Interrogé sur la possibilité d'une participation des fils de Kadhafi ou du guide libyen lui-même à un futur gouvernement, le chef de la diplomatie italienne a répondu : «Non, je ne peux pas l'accepter. Je crois que la France et le Royaume-Uni non plus. Les fils, la famille de Kadhafi ne peut pas participer au futur politique de la Libye».

«Je crois qu'il (Mouammar Kadhafi) doit se retirer. C'est une condition préalable pour qu'on puisse repartir avec la réconciliation nationale libyenne», a déclaré le ministre italien.