L'OTAN a réfuté vendredi toute idée d'«impasse» politique ou militaire en Libye et préféré parler de situation «mouvante» pour expliquer la difficulté de sa tâche, refusant de présenter ses excuses pour avoir encore bombardé par erreur des troupes rebelles.

«Il n'y a pas d'impasse» en Libye, «bien au contraire, la communauté internationale avance pour trouver une solution politique», a déclaré à la presse la porte-parole de l'OTAN, Oana Lungescu, interrogée sur des propos disant l'inverse tenus la veille par un officier américain de haut rang.

Le général Carter Ham, chef du Commandement américain pour l'Afrique, a estimé jeudi à Washington qu'une impasse se profilait en Libye «en ce moment sur le terrain».

Sur le plan militaire «notre action», dans le prolongement de celle de la coalition dont elle a pris la suite, «a été décisive, d'une grande portée et soutenue», a affirmé Mme Lungescu.

Mais «nous savons qu'il ne peut y avoir de solution purement militaire», a-t-elle souligné, en rappelant qu'il y aurait une réunion du groupe de contact sur la Libye la semaine prochaine au Qatar, avec la participation du secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen.

Le général Ham, responsable de la coordination des opérations de la coalition multinationale en Libye du 19 au 31 mars, jusqu'à ce que l'OTAN prenne le relais, a de même estimé que la probabilité que les rebelles se frayent un chemin jusqu'à Tripoli était «faible».

Il n'est pas le seul à montrer un certain scepticisme. Les limites fixées à l'intervention de l'OTAN, la désorganisation persistante des rebelles et la résistance du régime de Mouammar Kadhafi, toujours en place alors que la révolte a éclaté le 15 février, se conjuguent pour rendre l'issue incertaine, selon des analystes.

Sur le même sujet, vendredi, le contre-amiral britannique Russell Harding, commandant adjoint de l'opération Protecteur unifié dirigée par l'OTAN, a reconnu que les forces kadhafistes et rebelles avaient fait ces dernières 48 heures des «va-et-vient» le long de l'autoroute côtière entre les villes de Brega et d'Ajdibiya, dans l'Est du golfe de Syrte.

«Si quelqu'un veut définir cela comme une impasse, fort bien, mais tout ce que je dis, c'est que, oui, la situation est mouvante, mais mouvante dans un secteur relativement petit», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse à son quartier général de Naples.

Illustrant la difficulté pour l'OTAN de bien choisir ses cibles dans un tel environnement, l'officier britannique a reconnu que les aviateurs alliés avaient bombardé par erreur la veille près de Brega des chars appartenant aux rebelles libyens.

Mais, dans cette «situation extrêmement mouvante», il a refusé de présenter des excuses au nom de l'OTAN, jugeant que l'alliance ne pouvait être considérée comme responsable de la méprise ayant conduit à cet incident qui a fait plusieurs morts.

«Nous n'étions pas informés (du fait) que les forces du CNT faisaient usage de chars», a-t-il argué.

Selon diverses sources, le bombardement a tué deux soldats dans les rangs des rebelles et un ou deux médecins, outre 14 blessés et six disparus.

C'est la deuxième fois que l'OTAN a tiré sur des colonnes de rebelles depuis qu'elle a pris le 31 mars le relais de la coalition.

Le 1er avril, dans cette même région, à l'est de Brega, un raid aérien de l'OTAN avait tué par erreur neuf rebelles libyens et quatre civils qui circulaient en convoi : un rebelle avait tiré en l'air pour manifester sa joie et les pilotes alliés s'étaient crus attaqués.

Après examen, l'OTAN a rejeté mardi toute responsabilité dans cette affaire, qualifiée d'«accident malheureux».