De violents heurts ont opposé à Amman des manifestants réclamant des réformes à des partisans du régime et aux forces de l'ordre, faisant un tué et plus de 130 blessés, selon des sources médicales.

La gendarmerie a dispersé les manifestants avec des canons à eau et a démonté le camp installé par les protestataires dans le centre de la capitale.

Un manifestant âgé de 55 ans, Khairy Jamil Saad, est décédé vendredi à l'Hôpital Hamzeh d'Amman, a indiqué à l'AFP une source médicale, sans préciser les causes du décès.

Son fils, Nasser a confirmé à l'AFP: «Mon père, Khairy Jamail Saad et moi étions sur la place Jamal Abdel Nasser. Lorsque les violences ont commencé, je prenais des photos, mon père n'était pas loin, la gendarmerie nous a attaqués, puis des amis m'ont dit «ton père a été blessé il est dans une ambulance»».

«Mon père a reçu plusieurs coups sur le corps qui ont mené à son décès», a ajouté Nasser.

«Khairy Jamil Saad est décédé, il est tombé en martyr», a dit la source médicale, qui s'est refusée à d'autres commentaires.

Il s'agit du premier affrontement entre les forces de l'ordre et des manifestants et du premier décès depuis le déclenchement des mouvements de protestations en Jordanie il y a trois mois.

Par ailleurs, une autre source médicale a affirmé que le nombre des blessés «dépasse les 130 personnes». Parmi eux figurent des policiers.

À l'hôpital Amal, jouxtant la place où avaient campé les «jeunes du 24 mars», «cinq blessés ont été admis dont deux dans un état grave», a déclaré une source médicale dans cet hôpital.

«Un d'entre eux a une blessure profonde au crâne, l'état de l'autre est encore plus sérieux et a nécessité son transfert à un hôpital spécialisé», a ajouté cette source.

Les «jeunes du 24 mars», un groupe rassemblant différentes tendances y compris des islamistes, campaient depuis jeudi pour réclamer des réformes. Des loyalistes les ont attaqués une première fois dans la nuit à coups de pierre faisant une trentaine de blessés.

«La police antiémeute a été déployée pour tenter de contrôler la situation. Elle a démonté le camp et opéré plusieurs arrestations parmi les jeunes», a indiqué à l'AFP une source sécuritaire.

Les tentes et tout le matériel ont été montés sur des bus de la police et il ne restait plus de traces du camp à 17h45 heure locale (11h45 à Montréal), a constaté une journaliste de l'AFP. Les jeunes étaient aussi partis.

Selon des témoins, les loyalistes faisaient partie de milliers de partisans du régime qui avaient manifesté vendredi dans un parc à Amman en faveur du régime.

Après le démontage du camp, les loyalistes étaient toujours aux alentours de la place, scandant des slogans à la gloire du roi Abdallah, sans être ennuyés par les forces de l'ordre.

«Le but des autorités était de faire partir ce groupe de jeunes qui rappelle trop les manifestants de Tunisie, Égypte ou Bahreïn», a déclaré à l'AFP un  analyste politique qui a requis l'anonymat.

«Notre rassemblement est pacifique mais cela ne nous a pas empêchés d'être la cible d'attaques. Le roi accepte-t-il de telles actions? Nous sommes des citoyens et nous avons le droit de nous exprimer», a affirmé Reda Darwiche, un étudiant.

«Le peuple veut des réformes du régime», «nous voulons le jugement des symboles de la corruption», «la révolution éclate autour de nous, Jordanie ton tour va venir», avaient scandé les jeunes au cours e leur rassemblement jeudi.

Le dialogue national lancé en Jordanie peine à progresser, la puissante opposition islamiste ayant refusé de s'y joindre.

Le chef du principal parti d'opposition le Front de l'Action islamique (FAI), Hamzeh Mansour a accusé vendredi le gouvernement de «crimes contre l'humanité» en référence à la répression des manifestations.

Le premier ministre jordanien Maarouf Bakhit a ensuite accusé sur la télévision jordanienne «les Frères musulmans de recevoir des instructions de l'Égypte et de la Syrie pour exécuter des plans contre la Jordanie» et «créer le chaos».

Le porte-parole des Frères musulmans Jamil Abou Bakr a estimé «qu'en accusant les Frères musulmans, le gouvernement tente de fuir ses responsabilités».

Par ailleurs, 15 membres de la Commission de dialogue national ont  démissionné vendredi, suite aux violences, a annoncé l'agence officielle Petra.

Six membres, dont quatre islamistes, avaient refusé de se joindre à la Commission. Avec ces démissions, la Commission ne compte plus que 31 membres sur les 52.