Des organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé jeudi des arrestations massives en Syrie, dont celle d'un étudiant blogueur, au lendemain de heurts meurtriers entre manifestants et forces de sécurité dans le sud du pays.

Un étudiant en journalisme et blogueur syrien, Ahmad Hadifa, 28 ans, a été arrêté jeudi à Damas par les services de sécurité, a indiqué l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH) dans un communiqué.

M. Hadifa avait déjà été arrêté pendant six jours en février sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui, selon l'ONG.

Il a été interpellé «en raison de ses activités sur Facebook en faveur des protestations à Deraa» (sud), fief de la contestation, a précisé l'OSDH, dénonçant l'arrestation du blogueur ainsi que «les arrestations sans précédent de militants de la société civile lancées par les services de sécurité».

Des ONG syriennes et internationales dénoncent des arrestations en masse de militants des droits de l'Homme survenues en Syrie parallèlement aux manifestations sans précédent qui ont éclaté à Deraa depuis vendredi.

Amnesty International a ainsi dressé une liste de 93 personnes arrêtées ce mois-ci dans plusieurs villes de Syrie, tout en estimant dans un communiqué que «le nombre réel de personnes arrêtées est vraisemblablement beaucoup plus élevé».

Il s'agirait de personnes âgées de 14 à 45 ans, comprenant des étudiants, des intellectuels, des journalistes et des militants.

Au moins 15 personnes ont été tuées mercredi à Deraa, noyau de la contestation contre le pouvoir en Syrie, selon des militants des droits de l'Homme, ce qui porte à 21 le nombre de décès en une semaine de contestation grandissante.

Les autorités ont imputé les heurts à un «gang armé», l'accusant d'avoir tué quatre personnes et «d'emmagasiner des armes dans la mosquée» al-Omari à Deraa, une ville tribale à 120 km au sud de Damas en proie à des protestations sans précédent depuis le 18 mars.

Les protestataires qui ont fait de la Mosquée al-Omari leur point de ralliement s'en sont pris aux symboles du régime, incendiant notamment des locaux de téléphonie mobile appartenant au cousin du président.

Jeudi matin, les rues de Deraa étaient désertes, selon un témoin joint par l'AFP depuis Damas.

«D'habitude notre ville est animée, mais aujourd'hui les rues sont désertes», a déclaré Amal, une habitante de cette ville frontalière avec la Jordanie.

«Les écoles sont fermées, la plupart des boutiques le sont aussi, Deraa ressemble à une ville fantôme», a dit cette habitante.