L'OTAN, déjà aux commandes en Afghanistan, s'apprête à jouer un rôle important pour coordonner l'intervention en Libye, au risque de lui donner une coloration encore plus occidentale et d'indisposer les pays arabes déjà peu pressés de s'y joindre.                                                                

La place exacte de l'Alliance atlantique dans le dispositif commence lentement à se préciser, après des jours de tractations parfois houleuses entre capitales divisées sur la conduite des opérations, mais tout n'est pas encore fixé.

Lors d'une nouvelle réunion mercredi, les ambassadeurs des 28 pays membres de l'OTAN n'ont ainsi toujours pas réussi à se mettre d'accord pour que l'Alliance prenne le commandement de la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye.

«Il n'y a pas eu d'accord et les discussions se poursuivent», avec une nouvelle réunion prévue jeudi, a indiqué un diplomate à l'AFP. La Turquie a refusé de donner son feu vert, demandant en préalable un arrêt des bombardements en Libye de la coalition menée par la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, selon un diplomate. Ce que Paris refuse.

En attendant, l'OTAN a accepté mardi de se charger de surveiller l'embargo sur les armes contre la Libye.

Plusieurs pays membres ont mis au total 16 navires et sous-marins à la disposition de l'Alliance atlantique pour le faire respecter, dont cinq navires et un sous-marin pour la seule Turquie, a annoncé mercredi un général de l'OTAN.

Mais, signe des tensions persistantes au sein de l'OTAN: l'Allemagne a décidé de suspendre la participation de ses navires de guerre aux opérations de l'OTAN en Méditerranée, afin de n'avoir pas à se joindre au contrôle de l'embargo sur les armes à destination de la Libye et à faire usage d'armes. Berlin est opposé à l'intervention militaire.

Des désaccords persistent également entre alliés sur le pilotage des opérations. La France, fer de lance de l'offensive avec Londres et Washington, voudrait que les membres de la coalition gardent la maîtrise des bombardements.

Paris ne veut pas dépendre de pays comme la Turquie et l'Allemagne, deux membres de l'Alliance très réservés face à l'intervention en Libye.

L'OTAN jouera un rôle d'«outil de planification et de conduite opérationnelle» pour établir une zone d'exclusion aérienne, a assuré mercredi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé.

«Ce n'est pas (l'OTAN) qui exercera le pilotage politique de l'opération», confié à un comité réunissant les ministres des Affaires étrangères des États - y compris arabes - participant à l'intervention, a-t-il précisé.

Paris et Washington ont annoncé mardi soir être parvenus à un accord sur le rôle de l'OTAN dans la coalition, mais l'ont présenté de façons sensiblement différentes, la France continuant à plaider pour une fonction limitée.

Faute d'un commandement unifié, les opérations de la coalition sont jusqu'à présent nationales mais de nombreux pays, y compris au sein de la coalition, poussent pour que l'OTAN assure le leadership de l'intervention. Et les Etats-Unis commencent à perdre patience face à l'impasse, selon un diplomate.

L'Italie, qui a mis ses bases aériennes à disposition, a menacé d'en reprendre le contrôle. La Belgique, le Canada, le Danemark et la Norvège poussent également à un transfert de commandement à l'OTAN.

Pour l'heure, les États-Unis assurent la coordination des missions aériennes au-dessus de la Libye depuis leur QG en Allemagne. Mais Barack Obama est résolu à ne pas s'enliser dans une troisième guerre en terre musulmane après l'Irak et l'Afghanistan et entend rapidement passer le relais à une autre structure de commandement, pour être en retrait.