Les forces de Mouammar Kadhafi ont attaqué mardi Misrata, tuant cinq personnes dont quatre enfants dans cette ville située à l'est de Tripoli, au quatrième jour de l'offensive de la coalition internationale destinée à mettre un terme à la répression de l'insurrection.

La coalition internationale a bombardé pour la troisième nuit les forces loyalistes, mais de sérieuses divergences ont éclaté sur la finalité et le mandat de l'opération menée à l'initiative de Washington, Paris et Londres.

Sur le terrain, les violences se poursuivaient. Mardi cinq personnes, dont quatre enfants, ont été tuées à Misrata, troisième ville du pays, située à environ 200 km à l'est de Tripoli, par des tirs de pro-Kadhafi, selon les rebelles. La veille, 40 personnes y avaient déjà été tuées et plus de 300 blessées, selon la même source.

Des chars et des snipers déployés dans la principale artère de la ville ont ouvert le feu «aveuglément», selon un porte-parole des rebelles, précisant que les enfants tués se trouvaient à bord d'une voiture avec leurs parents. Un porte-parole du régime avait indiqué lundi que cette ville avait été reprise des mains des insurgés «il y a trois jours» mais que les forces gouvernementales y recherchaient des «éléments terroristes».

Dans la nuit de lundi à mardi, des tirs de la défense anti-aérienne suivis d'explosions ont retenti à Tripoli près de la résidence du dirigeant libyen, selon un journaliste de l'AFP. La nuit précédente, des missiles avaient détruit un bâtiment au sein de cette résidence-caserne dans le sud de la capitale.Une base navale située à 10 km à l'est de Tripoli a également été touchée par des bombardements lundi soir, selon des témoins.

Mais l'intensité et le nombre des attaques a diminué depuis la première nuit de samedi à dimanche.

«Sauf si quelque chose d'inhabituel ou d'inattendu survient, nous pourrions voir un ralentissement dans la fréquence des attaques. Nous avons déjà vu, entre la première nuit des frappes (de missiles) Tomahawk et la deuxième, une réduction importante», a déclaré lundi soir à la presse le chef de la coalition, le général américain Carter Ham.

Plusieurs hauts responsables ont assuré que la coalition ne cherchait pas à viser directement le colonel Kadhafi.

Mais «la position américaine est que Kadhafi doit partir», selon le président Barack Obama.

Par 557 voix contre 13, les parlementaires britanniques ont approuvé à la quasi-unanimité la participation des forces britanniques aux opérations.

Lundi soir, un avion de chasse américain F-15 s'est écrasé en Libye, a annoncé le commandement américain Africa Command, basé en Allemagne. «Les deux membres de l'équipage se sont éjectés de leur F-15E lorsque l'avion a connu un problème de dysfonctionnement de son équipement le 21 mars vers 22H30 au-dessus du nord-est de la Libye». Le commandement américain assure que les deux pilotes sont «saufs».

Au sein de la coalition --à laquelle participent côté UE, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne-- des voix dissonantes se font entendre au sujet du commandement que plusieurs pays souhaiteraient voir confié à l'OTAN.

Actuellement, les opérations de la coalition sont nationales et coordonnées par les QG américains de Ramstein (ouest de l'Allemagne) et Naples (sud de l'Italie).

«L'OTAN jouera un rôle» dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé M. Obama. L'Italie et la Grande-Bretagne réclament aussi que l'OTAN prenne un rôle de contrôle des opérations.

Mais Paris estime que si l'OTAN dirige l'intervention, les pays arabes ne voudront pas s'y rallier et, pire, finiront par la dénoncer.

La Turquie a exclu une participation à des missions de combats en Libye, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan soulignant que dans le passé, des opérations de ce genre ont tourné à l'occupation et occasionné davantage de pertes civiles» en allusion à l'Irak.

Le colonel Kadhafi avait annoncé un nouveau cessez-le-feu dimanche soir, mais la répression sanglante n'a pas cessé pour autant, faisant lundi au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, selon les rebelles.

Benghazi, fief des rebelles dans l'est, restait aux mains des insurgés qui ont pu faire reculer lundi les forces gouvernementales.

Au sud-ouest de Tripoli, la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, en particulier les villes de Zenten et Yefren sous contrôle de la rébellion étaient toujours visées par des attaques des pro-Kadhafi lundi, selon des habitants.

Selon le régime libyen, depuis samedi, la coalition a mené des raids sur Tripoli, Zouara, Misrata, Syrte ciblant notamment des aéroports, faisant de «nombreuses victimes» parmi les civils. Elle a aussi a visé lundi Sebha, un fief de Kadhafi dans le sud du pays.

La Chine a réitéré mardi son opposition à l'usage de la force en Libye et déploré les «victimes civiles» des frappes aériennes menées par une coalition internationale.

Trois journalistes occidentaux, deux de l'Agence France-Presse et un photographe de l'agence Getty Images qui couvrent les événements en Libye, ont été arrêtés le 19 mars dans la région de Tobrouk (est) par l'armée libyenne, selon le témoignage de leur chauffeur.

Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, fait face depuis le 15 février à une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à la fuite.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a intensifié son aide alimentaire aux frontières libyennes à destination des personnes fuyant le pays.