Des chefs de l'armée yéménite ont annoncé lundi leur ralliement à la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh, qui a assuré que le peuple le soutenait malgré des appels redoublés à son départ.

Le président a réuni en soirée les généraux qui lui restent fidèles et qui ont affirmé leur rejet de toute tentative de porter atteinte à la Constitution.

Les États-Unis ont réaffirmé que la violence était «inacceptable» tandis que la France a ouvertement appelé au départ de M. Saleh, devenant ainsi le premier pays occidental de poids à le faire.

Outre les chefs de l'armée qui ont lâché le président Saleh, le principal chef tribal, cheikh Sadek al-Ahmar, lui a demandé de céder le pouvoir qu'il détient depuis 32 ans et de se ménager «une sortie honorable».

Deux commandants de régions, le général Ali Mohsen al-Ahmar, responsable du nord-est qui comprend Sanaa, et le général Mohammed Ali Mohsen, en charge du district militaire oriental, se sont déclarés en faveur des protestataires.

Leur défections sont les premières de cette importance dans l'armée. Deux autres généraux, Nasser Ali Chouaïbi, dans le sud-est du pays, et Fayçal Rajab, dans le sud, ont également fait défection.

A Sanaa, des dizaines d'officiers ont annoncé leur ralliement devant une foule de manifestants qui bravaient toujours sur la place de l'Université une interdiction de manifester pour exiger le départ du président Saleh.

Mais le président Saleh, 68 ans, a affirmé que la «majorité du peuple» le soutient. «La grande majorité du peuple est avec la sécurité, la stabilité et la légalité constitutionnelle. Et ceux qui appellent au chaos, à la violence, à la haine et au sabotage ne sont qu'une infime minorité», a-t-il assuré.

Les chefs de l'armée loyalistes ont affirmé, dans un communiqué, que «les forces armées n'autoriseront aucune atteinte à la légalité constitutionnelle, à la démocratie, à la sécurité de la nation et à celle des citoyens».

Dans la matinée, des blindés ont été déployés à Sanaa, notamment autour du palais présidentiel, du siège du parti au pouvoir le Congrès populaire général (CPG), du ministère de la Défense et de la Banque centrale.

Les défections dans l'armée font suite à de nombreuses démissions de cadres de l'Etat et de diplomates, qui se sont accélérées depuis la répression contre les manifestants à Sanaa ayant fait 52 morts vendredi.

Lundi, les ambassadeurs du Yémen en Arabie saoudite, au Koweït, en Egypte et auprès de la Ligue arabe ont annoncé se joindre à la contestation.

Cinq ambassadeurs du Yémen en Europe ont écrit au président Saleh pour lui demander de démissionner, selon l'ambassadeur du Yémen en France, Khaled al-Akwaa. Khaled Bahhah, ambassadeur au Canada, s'est joint à la contestation.

Le départ du président Saleh est «incontournable», a jugé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

Les violences de vendredi ont été condamnées lundi par le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, en visite au Caire. «Le gouvernement yéménite a l'obligation de protéger les civils», a déclaré M. Ban, soutenant un «dialogue global».

L'administration américaine a fait savoir au gouvernement yéménite que la violence observée ces derniers jours à Sanaa était «inacceptable».

«Notre inquiétude dans l'immédiat est la violence que nous avons vue ces derniers jours», a déclaré lundi le conseiller adjoint du président américain Barack Obama pour la sécurité, Ben Rhodes, à des journalistes.