Quatre manifestants ont été tués vendredi par les tirs de l'armée au nord de Sanaa tandis que dans le reste du pays des centaines de milliers de Yéménites se sont mobilisés pour réclamer le départ ou le maintien du président Ali Abdallah Saleh.

Ces manifestants sont tombés sous les balles de soldats tenant une position militaire dans la localité de Semla, qui fait partie de la ville de Harf Soufiane, à quelque 170 km au nord de Sanaa, selon des sources de la rébellion chiite et un responsable local.

Sept manifestants ont par ailleurs été blessés, dans la marche organisée à l'appel des rebelles zaïdites, les adeptes d'une branche du chiisme, qui combattent le régime depuis 2004 et qui ont rejoint la contestation le 21 février.

Les circonstances de l'incident mortel restent mal connues d'autant que les autorités affirment avoir donné pour instruction aux forces de l'ordre de ne pas intervenir contre les marches lorsqu'elles sont pacifiques.

À Sanaa, la journée a été marquée par deux rassemblements et des prières hostile et favorable au régime du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Devant l'université, épicentre de la contestation du régime, des centaines de milliers de personnes, selon les organisateurs, ont participé à la prière hebdomadaire.

«Nous ne quitterons pas cette place jusqu'à la chute des corrompus et des tyrans», a déclaré dans son sermon cheikh Yahia Al-Doulaïmi en s'adressant à la foule compacte qui débordait de la grande place.

Aucun incident n'a marqué la prière collective sur cette place où campent en permanence depuis 12 jours des activistes, notamment des étudiants, qui réclament la chute du régime.

Ces militants ont baptisé la journée «Vendredi de la cohésion» pour souligner l'unité des protestataires dans leurs revendications après que des rumeurs se sont répandues sur des divisions dans leurs rangs.

Des prières collectives, pendant lesquelles ont été répétés des slogans pour le départ du président Saleh, se sont également tenues dans les villes de Taëz, au sud de la capitale, et à Hodeida, dans l'ouest, selon des habitants de ces deux grands centres urbains.

À quelques kilomètres de l'université de Sanaa, de nombreux partisans du régime ont prié sur la place Tahrir, après avoir scandé «Non au sabotage, non au chaos et oui au dialogue», a rapporté un correspondant de l'AFP.

Des responsables du parti présidentiel, le Congrès général populaire, ont affirmé durant la rassemblent avoir mobilisé des «centaines de milliers de leurs partisans» à travers le pays pour soutenir l'appel du président à un dialogue avec l'opposition qui est resté sans écho favorable.

ÀAden, grande ville du sud, des dizaines de milliers de personnes ont participé à deux cortèges funéraires de trois manifestants tué par les tirs des forces de l'ordre ces dernières semaines, selon un correspondant de l'AFP.

Dans le quartier de Mansoura, une foule nombreuses a marché derrière les cercueils de deux manifestants tués le 16 février aux cris de «Va-t'en Ali» et le «Peuple veut la chute du régime».

Un autre cortège s'est formé dans le quartier de Moualla, qui a connu de nombreuses violences mortelles, et s'est dirigé vers un cimetière du quartier de Crater dans le centre d'Aden. Là aussi, la foule était nombreuse à participer aux funérailles d'un autre manifestant dont la corps a été récemment rendu à sa famille.Les forces de l'ordre se sont déployées en force à Khor Maksar, un autre quartier, pour tenter de dissuader les manifestants de s'y rassembler comme ils ont pris l'habitude de le faire ces derniers jours.

Selon un bilan d'Amnesty International, 27 personnes sont mortes dans les violences qui accompagnent les protestations du Yémen depuis le 27 janvier, outre les quatre tués de vendredi au nord de Sanaa.