La crise due aux événements en Libye concerne désormais quelque 180 000 réfugiés, selon une représentante de l'ONU.

Une porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Melissa Fleming, a déclaré mercredi à l'Associated Press que 77 300 personnes, dont une grande majorité d'Égyptiens, avaient franchi la frontière à l'Est pour se rendre en Égypte.

Elle a déclaré qu'environ le même nombre de personnes avaient gagné la Tunisie à l'Ouest, et qu'environ 30 000 autres étaient en attente à la frontière tuniso-libyenne.

D'après Melissa Fleming, les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi visent des Égyptiens et des Tunisiens, perçus comme impliqués dans le soulèvement contre le régime. De «nombreux réfugiés terrifiés» à Tripoli, la capitale, ont trop peur de partir, craignant d'être pris pour cible. La porte-parole a ajouté que des ressortissants de Somalie et d'Érythrée autour de Benghazi, la deuxième plus grande ville du pays, se sentaient également pourchassés.

L'organisme Human Rights Watch a averti que les travailleurs d'origine africaine étaient «particulièrement menacés en raison de la colère populaire» envers les mercenaires de Kadhafi.

Tandis que les frontières étaient majoritairement prises d'assaut par de jeunes hommes, des experts de l'ONU ont indiqué qu'une action rapide était nécessaire afin de les protéger et de les nourrir avant qu'une crise humanitaire ou des émeutes n'éclatent.

L'actrice américaine Angelina Jolie, ambassadrice de l'ONU militant pour les droits des réfugés, a plaidé mercredi que tous les pays impliqués devaient leur offrir un lieu de passage sécuritaire, un plan d'évacuation - si nécessaire - et l'asile.

«Tout ce que je demande, c'est que les civils soient protégés, et qu'ils ne soient pas visés ou harcelés, a-t-elle dit. Nous ne voulons pas nous rappeler de cette crise et découvrir que nous sommes responsables de la mort de ces réfugiés.»

Par ailleurs, l'ambassadrice américaine Betty King a déclaré de Genève que les États-Unis allaient octroyer 12 millions $ US pour faciliter l'évacuation, et a précisé qu'elle «était consciente de l'incroyable casse-tête que représentait l'arrivée massive de ces réfugiés pour les gouvernements environnants».

Par ailleurs, la France et la Grande-Bretagne ont décidé de mobiliser chacune de leur côté des moyens, notamment aériens, pour aider à l'évacuation des réfugiés égyptiens bloqués à la frontière tuniso-libyenne, a-t-on appris mercredi de sources officielles. L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a également annoncé un plan d'urgence en faveur des réfugiés aux frontières tunisienne et égyptienne de la Libye.

«La France a décidé le 1er mars d'apporter une aide, par moyens maritimes et aériens, à l'évacuation vers l'Égypte des travailleurs égyptiens réfugiés à la frontière tuniso-libyenne», a déclaré lors d'un point presse le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero.

«Des rotations de gros porteurs aériens d'une part, et d'un bâtiment de la Marine Nationale, sur zone prochainement d'autre part, devraient permettre d'évacuer au moins 5000 personnes en moins d'une semaine», a-t-il précisé.

«Cette action, menée en coordination avec l'Union européenne, répond aux appels internationaux lancés par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et par l'Égypte. Elle est aussi un moyen d'aider la Tunisie qui fait face à un afflux de réfugiés à la frontière avec la Libye.»

De son côté, la Grande-Bretagne a décidé de lancer une opération aérienne pour évacuer les réfugiés égyptiens, a annoncé le premier ministre britannique David Cameron. Le premier avion utilisé dans le dispositif devait selon lui quitter la Grande-Bretagne dans la journée de mercredi.

L'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui regroupe 57 pays, a également annoncé un plan d'urgence en faveur des réfugiés fuyant les violences en Libye. Elle compte installer deux hôpitaux de campagne et fournir des ambulances aux frontières de la Tunisie et de l'Égypte avec la Libye.

L'OCI appelle également à l'octroi d'abris provisoires pour 10 000 personnes et à la distribution de sucre, riz, farine, conserves et nourriture pour bébés aux nombreux réfugiés présents en ces lieux.

Le Maroc, ou encore la Suisse, via le réseau Caritas, ont annoncé eux aussi la mise en oeuvre d'aides, en matériel d'urgence ou en fonds.