Le président yéménite Ali Abdullah Saleh a accusé les États-Unis, son plus proche allié, et Israël de tenter de déstabiliser son pays et le monde arabe, mardi.

Dans un discours adressé à l'Université de Sanaa, il a affirmé qu'il y avait «une salle d'opérations à Tel-Aviv dont l'objectif est de déstabiliser le monde arabe» et qui est «dirigée par la Maison-Blanche».

«Chaque jour, nous entendons une déclaration du président Obama: en Égypte ne faites pas ceci, en Tunisie ne faites pas cela (...) De quoi se mêle-t-il à Oman? De quoi se mêle-t-il en Égypte? Il est le président des États-Unis», a affirmé le président Saleh devant les journalistes.Une heure après son discours, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé jusqu'à l'université, rejoints pour la première fois par des partis de l'opposition. Cheikh Abdul-Majid al-Zindani, soupçonné de liens avec le réseau terroriste Al-Qaïda par les États-Unis, a participé au rassemblement.

Certains craignent que les troubles au Yémen et la possible chute du régime Saleh ne poussent le pays à se rapprocher d'Al-Qaïda. La branche yéménite du réseau, qui est soupçonnée d'avoir participé à l'attentat raté en 2009 contre un transporteur aérien américain, est perçue par Washington comme particulièrement active et menaçante.

Le président Saleh s'est avéré un allié important pour les États-Unis dans leur lutte contre le réseau terroriste.

Mardi, le président yéménite semblait toutefois tourner le dos à Washington. M. Saleh a aussi affirmé, à l'occasion de ce discours, que des figures de l'opposition rencontraient régulièrement l'ambassadeur américain à Sanaa.

Washington rétorque

La Maison-Blanche a mis en garde mardi le président du Yémen Ali Abdallah Saleh contre toute tentative de désigner des «boucs émissaires»

Nous ne pensons pas que désigner des boucs émissaires constitue une réponse adéquate aux yeux des Yéménites ou d'habitants d'autres pays», a déclaré le porte-parole de M. Obama, Jay Carney, en appelant M. Saleh à mener des réformes politiques pour répondre aux «aspirations légitimes» de son peuple.

Dans une autre tentative de calmer le soulèvement populaire, le président Saleh a renvoyé, mardi, cinq des 22 gouverneurs provinciaux du pays. Trois d'entre eux s'étaient publiquement prononcés contre le gouvernement Saleh, au moment de la violente répression exercée sur les protestataires.

La colère contre le régime en place ne cesse de monter depuis un mois au Yémen, alors que les manifestants s'inspirent des soulèvements populaires ayant eu raison des régimes autoritaires de l'Égypte et de la Tunisie. Le président Saleh a refusé de quitter le pouvoir avant l'élection de 2013, et ses appuis s'effritent, tandis qu'il a déjà perdu le soutien des principaux chefs de tribu du pays. Les partis d'opposition ont appelé pour la première fois, mardi, leurs partisans à descendre dans les rues.

Le régime du président Saleh est contesté dans la rue depuis la mi-janvier avec des manifestations à Sanaa, Taëz, au sud de la capitale, et surtout à Aden, dans le sud du pays. Selon Amnesty International, au moins 27 personnes ont été tuées au cours de ce mouvement de protestation.

-Avec AFP