Une très importante foule de manifestants a envahi Sanaa mardi pour demander le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui s'en est pris à Barack Obama et a accusé Israël et les États-Unis de manipuler les Arabes.

Le coeur de la capitale yéménite était bloqué par des rangées de protestataires qui scandaient : «le peuple veut la chute du régime, le peuple veut le départ d'Ali Abdallah Saleh», selon les correspondants de l'AFP.

Des partisans du régime ont eux aussi organisé une importante manifestation, à l'appel du Congrès populaire général (CPG, au pouvoir) mais aucune violence n'avait été signalée en fin d'après-midi.

Dans le même temps, le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, s'en est pris au président américain, avec une violence inusitée, et a accusé Tel Aviv et Washington d'orchestrer les «révoltes arabes».

Le chef d'État yéménite, allié clef de Washington dans la lutte contre Al-Qaïda, est confronté à une mobilisation croissante, qui rassemble dorénavant des organisations de l'opposition et les tribus, dont l'influence est déterminante dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.

La haute-commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a mis en garde les autorités yéménites contre toute «répression violente des manifestations».

Selon Amnesty International, au moins 27 personnes ont été tuées au cours des protestations.

Selon les correspondants de l'AFP, la manifestation de mardi, devant l'Université, est la plus importante que Sanaa ait connue depuis le début de la contestation populaire contre le président Saleh, le 27 janvier.

Aucune estimation officielle de la mobilisation n'était disponible, mais le correspondant de l'AFP a avancé le chiffre de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

L'influent prédicateur Abdel Majid Zendani, soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme, a harangué la foule, affirmant qu'il «soutenait les revendications des jeunes».

Plusieurs dirigeants de l'opposition, qui avait appelé à faire de mardi une «Journée de colère» contre le régime, ont pris part à la manifestation, ainsi que des représentants des tribus.

À Seyoun, dans la province méridionale du Hadramout, trois personnes ont été blessées, dont deux par balles, lors de la dispersion par les forces de sécurité d'une manifestation de lycéens appelant au départ du président Saleh, selon des sources médicales.

Des milliers de personnes ont également défilé à Lahej (sud), réclamant la chute du régime, selon des témoins.

«Chaque jour, nous entendons une déclaration du président Obama», a déclaré à la presse mardi le président Saleh: «en Égypte, ne faites pas ceci, en Tunisie, ne faites pas cela (...) De quoi se mêle-t-il à Oman? De quoi se mêle-t-il en Égypte? Il est le président des Etats-Unis!"

Il a estimé que les soulèvements qui agitent le monde arabe «de Tunis au sultanat d'Oman (...) sont une tempête orchestrée depuis Tel-Aviv, sous la supervision de Washington».

«Il y a un centre d'opérations à Tel Aviv pour déstabiliser le monde arabe, et qui est dirigé depuis la Maison Blanche», a-t-il affirmé.

Le président a cependant renouvelé son engagement à «protéger les manifestants» et son appel à l'opposition pour la reprise du dialogue.

La haut commissaire Pillay a appelé mardi le gouvernement à protéger «le droit des manifestants et des journalistes dans le respect des lois internationales».

«Nous avons vu encore et encore ces dernières semaines que des réponses violentes, en violation du droit international, ne font pas disparaître les manifestants et servent seulement à exacerber leur frustration et leur colère» a-t-elle ajouté dans un communiqué.