L'armée canadienne a envoyé, lundi, une équipe de reconnaissance et du personnel médical sur l'île de Malte, signe que l'implication militaire du Canada dans la crise qui déchire présentement la Libye pourrait bien s'accentuer.

Les 13 membres de l'équipe et les 9 infirmiers sont arrivés sur l'île méditerranéenne en compagnie de deux nouveaux avions cargo C-130J et de deux avions C-17 qui seront utilisés pour évacuer des citoyens canadiens et des ressortissants étrangers du pays de l'Afrique du Nord.

Hautement entraînée, cette équipe est chargée d'évaluer la situation et sert souvent à préparer le terrain en vue d'une intervention militaire. C'est ce qu'elle avait fait aux lendemains du tremblement de terre qui a dévasté Haïti en janvier 2010.

Des sources au sein du ministère de la Défense ont révélé à La Presse Canadienne que des unités spéciales étaient prêtes à être déployées, nouvelle que l'armée n'a pas voulu confirmer.

«Les Forces canadiennes ont mis en place les ressources appropriées afin de soutenir l'évacuation des personnes concernées de la Libye, a indiqué le lieutenant Len Hickey, un porte-parole du quartier général du Canada outre-mer. Divulguer des renseignements à ce sujet pourrait compromettre leur travail.»

Le Royaume-Uni a fait appel à des commandos pour accompagner ses avions Hercule C-130 en Libye et les protéger lorsqu'ils étaient au sol.

Au moins un des avions britanniques a fait l'objet de tirs et subi des dommages mineurs au cours d'une opération d'évacuation.

Le lieutenant Hickey a affirmé que des dispositions avaient été prises pour défendre les avions canadiens lorsqu'ils atterrissaient en Libye, où les protestations contre les quelque 40 ans de règne du dictateur Mouammar Kadhafi font rage.

Samedi dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté à l'unanimité en faveur d'un embargo sur les fournitures d'armes et demandé aux pays de geler les avoirs du colonel Kadhafi.

Les leaders internationaux, incluant le premier ministre canadien Stephen Harper, ont exhorté l'organisme mondial à considérer «toutes les options» dans ses efforts pour mettre fin au bain de sang qui a coûté la vie à des centaines de Libyens.

Le premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré lundi que la communauté internationale cherchait un moyen d'augmenter la pression sur Kadhafi en-dehors des sanctions économiques et des interdictions de quitter le territoire.

«Nous n'excluons pas la possibilité de recourir à nos ressources militaires, a-t-il soutenu. Nous ne devons pas tolérer que ce régime utilise son armée contre son propre peuple.»

M. Cameron a aussi laissé entendre que le Royaume-Uni pourrait même armer l'opposition libyenne si Kadhafi persistait à employer la violence pour réprimer les manifestations.

Le secrétaire-général de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN), Anders Fogh Rasmussen, a pour sa part affirmé qu'aucune alliance militaire ne passerait à l'action sans l'approbation du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce qui pourrait s'avérer difficile à obtenir puisque la Chine et la Russie croient qu'il ne faut pas intervenir.

Selon des sources au sein de l'OTAN, une grande variété de mesures militaires ont été mises à l'étude depuis la semaine dernière par les alliés, la plus radicale étant l'utilisation de troupes terrestres pour assurer la distribution de l'aide humanitaire.