Des affrontements entre la police et des manifestants ont fait au moins deux morts dimanche au nord de Mascate, lors des premières violences de ce genre à Oman, sultanat stratégique à l'embouchure du Golfe, selon des sources de sécurité.

Cinq personnes ont également été blessées dans ces violences survenues à Sohar, à 200 km au nord de la capitale de ce sultanat où vivent quelque trois millions d'habitants, dont 20% d'étrangers.

Dimanche comme la veille, le sultan Qabous a annoncé des mesures sociales, pour apaiser les tensions dans son pays qui contrôle la sécurité du détroit d'Ormuz, par où transite 40% du pétrole exporté par voie maritime dans le monde.

Selon une source de sécurité, «deux manifestants ont été tués par des balles en caoutchouc lors d'une tentative d'attaque contre un poste de police», menée par des manifestants qui protestaient contre le chômage.

L'agence officielle omanaise ONA a confirmé la manifestation de dimanche, en évoquant des «victimes», sans préciser s'il s'agissait de blessés ou de morts.

«Des manifestants se sont livrés aujourd'hui à des actes de violence, détruisant des biens publics et privés. La police et les unités anti-émeutes sont intervenues pour préserver l'ordre public et protéger les citoyens. Il y a des victimes», écrit l'agence ONA.

Selon l'agence, les manifestations avaient commencé à l'aube samedi et se sont poursuivies dimanche. Des voitures, dont certaines officielles, ont été incendiées, ainsi que la résidence du gouverneur de Sohar et un commissariat.

«Ces actes, commis par un groupe de saboteurs, sont contraires à la nature de la société omanaise, connue pour sa modération», affirme ONA.

Il s'agit des premières protestations du genre dans ce pays voisin de l'Arabie saoudite et du Yémen, secoué depuis des semaines par des manifestations violentes.

Ailleurs dans le Golfe, des manifestations ont fait sept morts en deux semaines dans le royaume de Bahreïn, et des appels à manifester ont été diffusés en Arabie saoudite et au Qatar.

A Oman, les manifestants ne veulent pas la chute du régime. «Nous tenons à sa majesté le sultan Qabous. Ce sont ses ministres dont nous ne voulons pas», affirme Mohammed al-Maamari, un manifestant de 23 ans, au chômage.

Yaaqoub al-Belouchi, 30 ans, confirme que les «gens ne réclament pas un changement de régime, juste un changement de ministres».

Selon des témoins, les manifestants, quelque 250 personnes, se sont rassemblés sur un rond-point qu'ils ont rebaptisé «rond-point de la Réforme». La police a tenté de les disperser avant de quitter les lieux.

Les manifestants ont scandé des slogans demandant des emplois, de meilleurs salaires et des mesures de lutte contre la corruption.

Le sultan Qabous d'Oman a émis dimanche de nouveaux décrets, ordonnant notamment le versement d'allocations mensuelles de 150 rials (390 dollars) à tout chômeur inscrit en quête d'un emploi, et la création de 50.000 emplois, selon ONA.

Il a également donné l'ordre de créer un comité ministériel pour proposer plus de pouvoirs au conseil consultatif de 83 membres qui conseille le gouvernement sur les questions sociales et économiques.

Samedi, le sultan Qabous avait déjà annoncé des mesures sociales pour aider les étudiants et les consommateurs.

Le 18 février, quelque 300 Omanais ont manifesté pacifiquement à Mascate pour demander des augmentations de salaires et des réformes politiques.

Une première manifestation pacifique réunissant 200 Omanais avait eu lieu un mois auparavant et les autorités avaient ensuite annoncé des augmentations de salaires, faisant passer le salaire minimum dans le secteur privé de 364 dollars à 520 dollars par mois pour les Omanais.