Comme la semaine précédente, un imposant dispositif policier déployé dans les rues d'Alger a empêché la marche à l'appel de la Coordination pour le changement démocratique (CNCD). Environ un millier de personnes ont tenté de se réunir place des Martyrs (ex-place Bugeaud) pour une marche pacifique en direction de la place du 1er-Mai, à 4km de là, a-t-on constaté sur place.

Comme la semaine précédente, un imposant dispositif policier déployé dans les rues d'Alger a empêché la marche à l'appel de la Coordination pour le changement démocratique (CNCD). Environ un millier de personnes ont tenté de se réunir place des Martyrs (ex-place Bugeaud) pour une marche pacifique en direction de la place du 1er-Mai, à quatre kilomètres de là, a-t-on constaté sur place.

Le dispositif policier mis en place très tôt samedi matin au niveau de cette place, autrefois épicentre des manifestations islamistes, des ruelles adjacentes et des bâtiments publics, notamment les deux chambres du parlement et la préfecture d'Alger, a empêché les manifestants de se regrouper.

«Les paquets de manifestants ne peuvent pas bouger, les policiers les ont fragmentés pour ne pas faire jonction», commentait le Dr Saïd Sadi, président du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), une des composante de la Coordination pour le changement démocratique (CNCD).

Lors d'un point de presse improvisé, il a parlé «d'Alger la bleue», en référence à la couleur de l'uniforme des policiers qui étaient sont selon lui entre «3000 et 4000 pour réprimer la manifestation». Saïd Sadi a également dénoncé «les brutalités de la police», affirmant avoir lui-même été «violemment bousculé» par des éléments du cordon policier qui a encerclé son groupe au moment où ils tentaient d'esquisser quelques pas en direction de la place du 1er mai.

«Même vos confrères journalistes ont été malmenés et empêchés de faire leur travail, certains ont même vu leur matériel confisqué», a lancé à la presse le Dr Sadi. Mohamed Khendek, sénateur du RCD, a été blessé au bras suite à un coup de matraque, selon les organisateurs de la manifestation, qui ajoutaient que deux députés avaient été «malmenés».

Le déploiement policier n'a pas pour autant empêché les manifestants de scander les traditionnels mots d'ordre: «Algérie libre et démocratique», «y en a marre de ce pouvoir», «Bouteflika, barra (dehors)».

Un groupe de supporters du président Abdelaziz Bouteflika, surgis d'une ruelle adjacente, le portrait du chef de l'État ostensiblement brandi, tentait de se faire entendre en criant «Les jeunes sont avec toi Bouteflika» et «Bouteflika n'est pas Moubarak, ni Ben Ali», en référence aux présidents égyptien et tunisien contraints de quitter le pouvoir à la suite des manifestations dans leurs pays. Face au risque d'affrontement, la police a reçu l'ordre de s'interposer entre les deux groupes.

«Ce sont des baltagia (voyous) payés pour le système pour chahuter notre manifestation, ils sont payés à l'heure et font partie du système répressif», accusait Kamal Adli, membre d'une association de jeunes, partie prenante de la manifestation.

«Tous les samedis nous manifesterons en dépit de l'interdiction des marches à Alger», promettait Saïd Sadi.

Jeudi, l'état d'urgence en vigueur en Algérie depuis le 7 février 1992 a été officiellement levé, cependant le ministre algérien de l'Intérieur Dahou Ould Kablia avait averti sur les ondes de la radio qu'Alger les marches ne seraient pas «tolérées», invoquant le risque d'attentat terroriste.