Après quelques jours de tergiversations, le gouvernement fédéral, alarmé par le discours télévisé de Mouammar Kadhafi, a annoncé hier la mise en place d'un plan d'évacuation pour ses ressortissants en Libye.

Si le Canada obtient à temps les droits d'atterrissage nécessaires, le premier vol nolisé quittera Tripoli demain, soit plus d'une semaine après les premiers affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, les 15 et 16 février.

«Les propos tenus aujourd'hui (hier) par le colonel Kadhafi sont alarmants, sont inquiétants, et donc, bien qu'il y ait encore des vols commerciaux, on a jugé qu'il était plus sage de procéder maintenant», a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, en conférence de presse.

«Pour accélérer les formalités d'évacuation, notre centre des opérations d'urgence appellera tous les citoyens inscrits au registre consulaire des Canadiens à l'étranger pour connaître leurs intentions de départ», a ajouté M. Cannon.

Actuellement, 331 Canadiens sont inscrits à l'ambassade à Tripoli, mais il pourrait se trouver davantage de ressortissants dans le pays. Hier après-midi, quelque 91 personnes avaient déjà signifié leur souhait d'être rapatriées.

Pendant les soulèvements qui ont bouleversé l'Égypte, 520 Canadiens ont quitté le pays avec l'aide d'Ottawa. Comme il l'a fait alors, le gouvernement canadien prévoit faire payer environ 500$ à ceux qui quitteront la Libye avec son aide. De même, Ottawa entend collaborer notamment avec la France, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande pour partager les places disponibles dans les avions et maximiser les efforts d'évacuation. Le premier vol nolisé, demain, devrait se poser à Rome, en Italie.

Le ministre Cannon a condamné la répression violente exercée par le régime Kadhafi contre les manifestants, mais il estime que la priorité du gouvernement est d'abord «de s'assurer que l'on puisse évacuer les Canadiens qui se trouvent en Libye». Quant à d'éventuelles sanctions de la communauté internationale, «toutes les options» sont sur la table, a-t-il souligné.

En après-midi, quelques dizaines de Canadiens d'origine libyenne ont manifesté à Ottawa, d'abord devant l'ambassade de la Libye, puis sur la colline parlementaire. Ils ont exhorté les pays occidentaux et le Conseil de sécurité de l'ONU à sévir contre le gouvernement de Mouammar Kadhafi.