Des diplomates libyens en poste aux Nations Unies ont exhorté lundi l'armée libyenne à renverser Mouammar Kadhafi, un «tyran», selon eux, qu'ils accusent de «génocide» contre son propre peuple.

Des membres de l'équipe diplomatique libyenne, emmenée par l'ambassadeur adjoint de la Libye à l'ONU Ibrahim Dabbashi, accusent également le colonel Kadhafi d'avoir fait appel à des mercenaires venus d'autres pays africains pour réprimer les manifestants. Ils se prononcent pour que l'espace aérien libyen soit fermé.

«Le tyran Mouammar Kadhafi a clairement montré à travers ses fils le niveau d'ignorance qui les caractérise lui et ses enfants et combien il méprise la Libye», expliquent les diplomates dans un communiqué en arabe.

Dans le texte, ils appellent les soldats libyens «où qu'ils soient et quel que soit leur grade, à s'organiser et à marcher sur Tripoli pour couper la tête du serpent».

Ils mettent aussi en garde contre «un massacre sans précédent», après qu'une répression meurtrière se soit abattue lundi en Libye, au lendemain d'un sévère avertissement lancé par le fils du leader libyen, Seif al-Islam, évoquant un risque de bain de sang.

Les diplomates appellent aussi les pays du monde entier à ne pas autoriser Kadhafi à se réfugier chez eux et à surveiller attentivement tout transfert d'argent venant de Libye.

M. Dabbashi a lu la déclaration à l'entrée de la mission de son pays aux Nations unies à New York, près d'un portait de Mouammar Kadhafi.

«Nous disons clairement que la mission libyenne (à l'ONU) est une mission qui appartient au peuple libyen. Elle n'appartient pas au régime. Le régime de Kadhafi a déjà commencé un génocide contre le peuple libyen», a dit M. Dabbashi, selon lequel le dirigeant libyen devrait être jugé par la Cour pénale internationale.

M. Ibrahim Dabbashi était entouré par six autres diplomates libyens, mais l'ambassadeur Abdurrahman Shalgham n'était pas présent.

Un peu plus tôt lundi, Ibrahim Dabbashi avait dit à la BBC qu'il pensait que la chute du colonel Kadhafi «n'est qu'une question de jours. Soit il démissionne, soit le peuple libyen se débarrasse de lui».

Mouammar Kadhafi «doit partir le plus vite possible», avait encore dit M. Dabbashi, cette fois sur CNN.

Les diplomates ont décidé de prendre leurs distances avec le gouvernement de Mouammar Kadhafi «en raison des agressions méprisables du régime contre le peuple libyen», a souligné Adam Tarbah, un autre diplomate libyen à l'ONU, interrogé par le Los Angeles Times.

«Nous savons que cela va mettre nos familles chez nous en danger, mais elles sont de toutes façons en danger», a expliqué Adam Tarbah.

Il a fait allusion au discours dimanche soir de Seif al-Islam, qui a promis de «combattre jusqu'à la dernière balle» pour mettre fin aux manifestations, selon M. Tarbah.

«Il incitait à la guerre civile», a dit M. Tarbah. «C'était honteux».

Lundi, l'organisation Human Rights Watch avait évoqué un bilan de 233 morts depuis le début de la contestation, mais ce chiffre devrait être désormais beaucoup plus important. La Fédération internationale des Ligues de droits de l'Homme (FIDH) a avancé de son côté un bilan de «300 à 400 morts».

Ibrahim Dabbashi