Quatre manifestants ont été tués lors de la dispersion par la police de manifestations réclamant la chute du régime yéménite à Aden vendredi, alors que deux protestataires trouvaient la mort dans une attaque à la grenade à Taez.

Dans la capitale Sanaa, des centaines de partisans du régime ont attaqué un rassemblement de milliers de jeunes opposants ainsi que des journalistes avec des matraques, des haches et des bâtons, faisant au moins quatre blessés, selon un correspondant de l'AFP sur place et des témoins.

Les manifestations les plus violentes se déroulent à Aden, principale ville du sud du Yémen, où quatre personnes ont été tuées par balles lorsque la police a dispersé plusieurs manifestations réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, ont indiqué des sources médicales.

À Taez, à 270 km au sud-ouest de Sanaa, l'attaque à la grenade qui a visé les milliers de manifestants rassemblés dans le centre-ville, tuant deux d'entre eux, a également fait 27 blessés, selon des sources médicales.

Ces décès portent à dix le nombre de morts en une semaine au Yémen, dont huit à Aden, selon un bilan fait par l'AFP à partir de sources hospitalières.

Vendredi, plus de quarante manifestants au total ont été blessés dans tout le pays, selon des sources médicales et des témoins.

L'ambassade américaine au Yémen a souligné «une augmentation troublante du nombre de violences contre des citoyens yéménites se rassemblant pacifiquement», déplorant «la présence pendant ces attaques de responsables du gouvernement yéménite».

Elle a appelé le gouvernement yéménite à «respecter la vie et les biens de tous les Yéménites et sauvegarder leurs droits humains et civiques», alors qu'Amnesty a demandé aux autorités de cesser d'utiliser «une force excessive».

À Taez, les protestataires campaient, pour la septième journée consécutive, sur un carrefour rebaptisé «Place de la Liberté», à l'instar de celle qui fut l'épicentre de la révolte contre le régime égyptien.

«Nous avons vu une voiture de fonction s'approcher et lancer la grenade, avant que ses occupants tirent des coups de feu en l'air», a affirmé à l'AFP un témoin joint par téléphone. Des habitants ont accusé des responsables du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), d'avoir mené l'attaque.

À Aden, outre les trois morts, au moins neuf personnes ont été blessées par balles, selon des sources hospitalières, lors de nouveaux affrontements vendredi entre manifestants et police.

Des milliers de personnes ont défilé après la prière hebdomadaire, aux cris de «CPG, criminel», au lendemain de la mort de trois personnes dans la ville lors de la dispersion de manifestants par les forces de sécurité qui ont tiré à balles réelles.

«Le peuple veut la chute du régime», scandaient les manifestants, reprenant le principal slogan de la révolte qui a provoqué la chute du président égyptien Hosni Moubarak.Ils n'ont pas appelé à la sécession du Sud, semblant se démarquer du Mouvement sudiste qui anime la contestation séparatiste dans cette région qui fut un pays indépendant.

À Moukalla, dans le sud-est du pays, trois manifestants ont été blessés par balles lorsque les forces anti-émeutes ont dispersé une manifestation, selon des témoins.

Le président Saleh, qui dirige le Yémen, pays pauvre et instable du sud de la péninsule arabique, allié clé de Washington dans sa lutte contre Al-Qaïda, a promis le 2 février de mener des réformes et de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013, sans calmer la rue qui continue de réclamer son départ.

L'opposition parlementaire, qui a décidé de reprendre le dialogue avec le régime, est restée à l'écart des manifestations depuis le 3 février.