Trois personnes ont été tuées et 19 blessées par balle lors de violents heurts nocturnes entre la police et des centaines de manifestants hostiles au régime à Aden, principale ville du sud du Yémen, selon une source hospitalière vendredi. Comme la nuit précédente, les manifestants, scandant «Ali, dégage», ont cassé les devantures de magasins, mis le feu à des pneus et placé des tonneaux dans les rues pour bloquer la circulation, selon le correspondant de l'AFP sur place.

Les protestataires réclament le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans et de meilleures conditions de vie.

Les nouveaux décès portent à cinq le nombre de morts à Aden depuis mercredi.

Selon un responsable de l'hôpital Al-Joumhouriya, les corps de trois personnes tuées par balles réelles se trouvaient vendredi à la morgue.

Répétant «le peuple veut la chute du régime», les centaines de jeunes manifestants en colère dans le quartier de Moualla à Aden ont déchiré les portraits du président ornant les rues.

La police a eu recours aux gaz lacrymogènes et a tiré des coups de feu pour disperser les manifestants, qui ont riposté en lançant des pierres. Une poignée de manifestants étaient armés, selon des témoins.

Dans un autre quartier, Crater, les protestataires ont mis le feu au bâtiment de la municipalité et à une voiture gouvernementale, selon des témoins. Des manifestants ont également mis le feu au siège de la municipalité du quartier de cheikh Othmane.

Les manifestations à Aden continuent en dépit d'un déploiement jeudi de l'armée au lendemain de violents affrontements entre des manifestants et forces de l'ordre qui ont fait deux morts et 20 blessés.

Le chef de l'État avait annoncé la formation d'une commission d'enquête jeudi dans les troubles d'Aden et dépêché dans la ville le vice-président, Abed Rabbo Mansour Hadi.

À Sanaa, des manifestations quotidiennes, ponctuées de heurts entre les manifestants et des partisans du régime, se déroulent depuis dimanche.

Le Yémen est miné par un chômage chronique et une pauvreté endémique. Les autorités ont multiplié ces dernières semaines les mesures sociales et économiques, dont une augmentation des salaires.

Le pouvoir est aussi confronté à un mouvement séparatiste dans le sud, État indépendant jusqu'en 1990, set à la menace d'Al-Qaïda, actif dans le pays.