Des manifestants anti-gouvernementaux ont été battus à coups de matraque par la police yéménite, samedi, alors qu'ils célébraient la démission du président égyptien Hosni Moubarak et enjoignait leur propre dirigeant à suivre son exemple.

Cherchant à capitaliser sur la révolution égyptienne qui a abouti au renversement de Moubarak en 18 jours, les protestataires avaient tenté de gagner l'ambassade égyptienne dans la capitale yéménite, mais ont été repoussés par les forces de l'ordre. La démission du raïs a remis en question la stabilité à long terme du pouvoir yéménite et d'autres régimes autocratiques de la région alliés aux pays occidentaux.

Les États-Unis se retrouvent dans une situation délicate parce que Washington prêche pour des réformes démocratiques, mais souhaite aussi assurer la stabilité du Yémen, qu'il considère comme un allié important dans la lutte au terrorisme islamique.

Des autobus ont conduit des membres du parti au pouvoir, équipés de tentes, de vivres et d'eau, pour occuper la place principale de Sanaa, également nommée Tahrir (place de la Libération), comme celle qui fut l'épicentre de la révolution égyptienne, afin d'éviter que les manifestants ne s'y installent. Quelque 5000 policiers et partisans du gouvernement s'y sont installés.

Selon des témoins, la police, y compris des officiers en civil, ont chassé des milliers de personnes de cette place vendredi soir alors que les manifestants déchiraient des affiches du président Ali Abdullah Saleh et hurlaient des slogans réclamant sa démission immédiate.

M. Saleh est au pouvoir depuis 30 ans et a cherché à calmer le jeu en s'engageant à ne pas être candidat à sa propre succession. Son mandat se termine en 2013.

Le Yémen, où le gouvernement central, corrompu, n'a guère de contrôle sur le pays en dehors de la capitale, est en proie à divers conflits et est devenu le refuge des militants d'Al-Qaïda, dont la branche locale, Al-Qaïda dans la péninsule arabique, est l'une des plus actives sur la planète.

Il s'agit aussi du pays le plus pauvre du monde arabe. La principale source de revenus du Yémen, ses réserves de pétrole, pourrait s'assécher dès la prochaine décennie.

La pays a été le théâtre de plusieurs attentats terroristes anti-occidentaux dans les dernières années, une vague commencée avec le bombardement du navire USS Cole, en 2000, qui avait tué 17 marins américains.