Les sourires éclairaient les visages des quelques dizaines de personnes venues célébrer hier, devant le consulat de l'Égypte à Montréal, le départ d'un président longtemps considéré comme indélogeable. La colère qu'avaient manifestée les Égyptiens au même endroit, trois semaines plus tôt, avait laissé la place à une véritable explosion de joie.

«Moubarak a été mon président pendant toute ma vie! Je suis fière, fière qu'il soit parti», s'exclame, en français, une jeune femme aux cheveux noués dans un foulard noir. «N'écrivez pas mon nom! Dites seulement que je suis fière d'être égyptienne.»

Autour d'elle, la foule reprend les refrains «Moubarak est parti! Moubarak, ça suffit!» et «People, up! Moubarak, down!» Saïd Souleimane chante et tape des mains, et tant pis s'il n'est pas égyptien, mais érythréen: en chassant son dernier pharaon, l'Égypte vient de montrer la voie aux autres pays. «C'est une révolution humaine, une révolution du peuple. Peu importe que les gens soient musulmans, chrétiens, les femmes voilées ou pas voilées, ils se sont battus pour la liberté. Surtout les jeunes instruits, ce sont eux qui ont fait ça, pas les chauves comme moi», dit-il en distribuant, dans sa joie, des chocolats.

Mohammed Sammy est l'un de ces jeunes. Il a 19 ans, il étudie au Canada depuis deux ans, mais il a participé au soulèvement grâce à Twitter. «Les plus vieux ont passé 30 ans avec Moubarak, mais nous, nous voulons changer les choses, nous ne voulons pas vivre comme ça, explique-t-il. Je ne sais pas comment les choses vont changer, mais c'est déjà exceptionnel que les gens se soient levés. Ils ne resteront plus silencieux, maintenant, ils ne laisseront plus faire la corruption.»