Les États-Unis ont défendu lundi le choix du diplomate chevronné Frank Wisner à la tête d'une mission en Egypte, bien qu'il soit employé par une entreprise travaillant pour le gouvernement du président égyptien Hosni Moubarak.

M. Wisner s'est retrouvé au centre d'une polémique samedi lorsqu'il a laissé entendre que le président Moubarak devait rester en fonction le temps que son pays, en proie à des manifestations depuis deux semaines pour réclamer son départ, s'engage dans une transition démocratique. L'administration Obama a rapidement pris ses distances avec ces propos.

M. Wisner, ancien ambassadeur des États-Unis en Egypte et en Inde notamment, travaille depuis 2009 pour Patton Boggs, un cabinet d'avocats américain qui représente les intérêts de l'Egypte et de plusieurs autres pays arabes.

Le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, a déclaré lundi que le gouvernement américain savait que M. Wisner travaillait pour Patton Boggs, mais voyait surtout en lui «un diplomate distingué» connaissant bien l'Egypte.

«Nous avons pensé qu'il jouissait d'une position unique pour avoir le type d'échanges que nous estimions devoir avoir en Egypte», a-t-il dit à la presse.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a expliqué que M. Wisner avait été choisi par le département d'État «en raison de son expérience de la politique égyptienne».

Un responsable américain de haut rang s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a indiqué que M. Wisner avait sans doute été choisi car il pouvait, plus que les diplomates en poste actuellement, faire passer un message «franc» aux autorités égyptiennes, en raison de sa «relation ancienne avec le président Moubarak».

La polémique est née lundi sous la plume de Robert Fisk, un journaliste chevronné du quotidien britannique The Guardian.

«Pourquoi diable a-t-il été envoyé pour parler avec Moubarak, qui est en fait un client de l'employeur actuel de M. Wisner?», a écrit le journaliste, pour qui les actions de l'ancien diplomate ont choqué l'opposition démocratique égyptienne et soulevé des questions sur la qualité du jugement du président américain Barack Obama.