Les membres de la communauté égyptienne de Montréal n'abandonnent pas. Ils sont descendus une fois de plus samedi après-midi dans les rues de Montréal pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak. De tels rassemblements ont également eu lieu dans plusieurs autres grandes villes canadiennes de même qu'à Paris et à Washington.

«So-so-so-solidarité envers le peuple égyptien!» ont scandé en choeur les centaines de manifestants réunis au centre-ville de Montréal. Au-dessus de la foule, flottaient beaucoup de drapeaux égyptiens, mais aussi tunisiens, algériens, jordaniens et syriens. Car, pour la première fois depuis le début de la révolte, les membres des différentes communautés du monde arabe ont marché ensemble pour soutenir leurs peuples dans leurs luttes pour la démocratie.

«La situation est la même dans tout le monde arabe, a souligné Mohamed Kamel de l'Association nationale pour le changement en Égypte. Ça a commencé avec le peuple tunisien, puis les Égyptiens se sont dits : «c'est le mouvement qu'on doit faire». Presque en même temps que les Égyptiens, la révolte a commencé en Jordanie et au Yémen. Les Algériens annoncent quelque chose d'important pour samedi prochain. Les Syriens commencent aussi à en parler. C'est un mouvement du peuple arabe pour la démocratie.»

«On dit aux Égyptiens : «Regardez, on a réussi notre révolution», a lancé Khalil Essadik, un Montréalais d'origine tunisienne. La vie reprend son cours et on va continuer à avancer tranquillement. Pour les autres peuples, ils doivent suivre l'exemple. Il n'y a pas 30 000 façons pour réussir, il faut prendre notre destin en main.»

Pendant qu'au Caire, les Égyptiens descendaient dans la rue pour une 12e journée consécutive, à Montréal, leurs compatriotes les incitaient à ne pas abandonner. Bien que le comité exécutif du Parti national démocrate au pouvoir ait démissionné en bloc, Moubarak demeure à la tête du pays. «Moubarak est fort, remarque Taha Abd Elrahman. Il ne veut pas tout perdre. Mais s'il y a plus de pression sur lui, il va quitter.»

Harper critiqué

Le refus du gouvernement Harper de demander le départ immédiat d'Hosni Moubarak a été vivement critiqué. «La position de Stephen Harper sur l'Égypte est une illustration supplémentaire des tendances autocratiques de M. Harper, a soutenu le député de Mercier et porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir. En contournant les institutions démocratiques, en contrôlant l'information, je pense que M. Harper montre des signes inquiétants d'autocratie. Il n'a pas beaucoup de qualités démocratiques alors on comprend qu'il ait de la difficulté à appuyer sur les principes démocratiques en parlant de Moubarak.»

Présent au rassemblement qui a eu lieu à Toronto, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a déclaré que le premier ministre Stephen Harper devait «arrêter de soutenir Moubarak et commencer à soutenir le peuple».

L'un des organisateurs de la manifestation montréalaise, Nabil A. Malek, a pour sa part dit espérer qu'à défaut de mettre de la pression sur le président égyptien, le Canada s'impliquera dans l'organisation des futures élections. « Le gouvernement du Canada a une responsabilité comme membre de la communauté internationale, a-t-il affirmé. On demande au Canada d'aider à la reconstruction d'un système démocratique, de surveiller les élections et s'assurer qu'il n'y a pas d'irrégularités.»