Les Occidentaux, Américains en tête, ont appuyé samedi une démocratisation du monde arabe pour répondre aux aspirations de sa jeunesse, tout en appelant à une transition ordonnée en Égypte, en raison des risques de déstabilisation de tout le Moyen-Orient.

Au Moyen-Orient, la conjoncture est «parfaite» pour une «tempête», a estimé la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, au cours de la conférence sur la sécurité à Munich, en insistant sur les «risques de chaos» dans la région.

Mme Clinton a plaidé en faveur d'une démocratisation au Moyen-Orient où «la démocratie et l'économie» n'ont pas «convergé dans le même sens». «Cela peut engendrer le chaos et une instabilité à court terme, voire pire», a-t-elle cependant mis en garde.

«La transition ne peut fonctionner que si elle est délibérée, concertée et transparente», a estimé la secrétaire d'État, pour qui «il est important de soutenir le processus de transition annoncé par le gouvernement égyptien».

Frank Wisner, un ancien ambassadeur américain au Caire, qui s'est rendu en Égypte à la demande du président américain Barack Obama a de son côté déclaré samedi qu'il était «vital» que le président Moubarak reste au pouvoir pour organiser lui-même la transition.

L'administration américaine a immédiatement pris ses distances avec ces propos, affirmant qu'ils n'engageaient que lui et que M. Wisner parlait «en tant que simple citoyen, qu'analyste, pas comme un représentant du gouvernement américain».

La Maison Blanche a indiqué que le président Barack Obama, dans des entretiens samedi avec plusieurs dirigeants étrangers de la situation en Égypte, avait souligné la nécessité d'une «transition ordonnée, pacifique, qui commence maintenant».

La chancelière allemande Angela Merkel a plaidé en faveur d'un changement «organisé» dans le pays. Évoquant sa propre expérience de la réunification allemande, en 1989, elle a invité les Égyptiens à être patients et à oeuvrer pour des changements «structurés, pacifiques».

Mme Merkel a également souhaité «un nouveau partenariat» entre l'UE et l'Égypte.

Le premier ministre britannique, David Cameron, a quant à lui estimé qu'une «plus grande stabilité» en Égypte passait par un changement rapide.

«À ceux qui disent que nous devons coller au régime parce qu'il représente la stabilité, je dis qu'il n'y a pas de stabilité aujourd'hui en Égypte. Nous avons besoin de changement, de réformes et de transition pour parvenir à davantage de stabilité», a-t-il déclaré.

«Je crains que plus ça dure, plus ceux qui veulent créer une Égypte dont nous ne voudrions pas, ne soient renforcés», a-t-il estimé, sans préciser s'il avait en tête un régime fondamentaliste ou militaire.

Le Quartette pour le Proche-Orient (ONU, États-Unis, UE, Russie), qui s'est réuni parallèlement à la conférence, a jugé «impérative» une reprise des pourparlers israélo-palestiniens en vue d'un accord de paix global entre Israël et les pays arabes, au vu du contexte de crise en Égypte et dans la région.

Une rencontre qualifiée de «très positive» par la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton. «La démocratie c'est un processus, ça ne se fait pas comme ça», a-t-elle affirmé à propos de la situation en Égypte, soulignant que l'Union européenne devrait la soutenir «sur la durée».

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé pour sa part les parties au «dialogue» pour sortir l'Égypte de l'impasse, et estimé que «tous les groupes de poids» sur la scène internationale devaient s'impliquer pour favoriser une solution.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a enfin rappelé que «l'ONU avait toujours exigé le changement» pour plus de démocratie depuis 2002, «notamment dans les pays arabes».

Lors d'un sommet vendredi à Bruxelles, les 27 pays de l'UE ont exigé que le processus de transition politique commence immédiatement en Égypte, en laissant entendre que dans le cas contraire l'aide européenne pourrait être suspendue.