Plusieurs centaines de personnes ont manifesté vendredi soir devant un poste de police de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne dans le centre du pays, après la mort de deux personnes qui y étaient détenues, ont déclaré des responsables et témoins.

Les corps portant des traces de brûlures ont été amenés à l'hôpital régional de la ville, a dit une source hospitalière sous le couvert de l'anonymat, sans pouvoir expliquer les circonstances de leur décès.

Les deux personnes, identifiées par des témoins comme Aden Hammami et Ridha Bakari Nsiri, ont été récemment arrêtées et étaient détenues dans un poste de police de Sidi Bouzid où elles sont mortes.

S'exprimant sur la chaîne de télévision privée Nesma, le ministre tunisien de l'Intérieur, Farhat Rajhi, a confirmé leur mort, affirmant qu'il s'agissait d'un crime qui pourrait être l'oeuvre de partisans de l'ancien régime.

«C'est un crime mystérieux, ils étaient les seuls détenus dans ce poste», a dit le ministre évoquant la piste de partisans du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) du président déchu Zine El Abidine Ben Ali ou l'oeuvre de policiers de l'ancien régime.

«Une enquête a été ouverte et doit examiner toutes les hypothèses», a ajouté le ministre.

Plusieurs centaines de manifestants en colère se sont rassemblés devant le poste après l'annonce du décès et ont mis le feu à trois voitures de police avant l'intervention des pompiers, a indiqué un témoin à l'AFP.

C'est de Sidi Bouzid qu'est partie la révolte populaire d'un mois qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali, après l'immolation par le feu le 17 décembre d'un jeune marchand de primeurs de la ville, Mohamed Bouazizi, excédé par des humiliations policières répétées.