Le président égyptien Hosni Moubarak a assuré jeudi à la chaîne de télévision américaine ABC qu'il aimerait quitter le pouvoir mais qu'il ne peut le faire par crainte du «chaos» qui s'installerait alors dans son pays.

Au dixième jour d'une contestation sans précédent de son pouvoir, M. Moubarak a dit qu'il «en avait assez d'être président et qu'il aimerait abandonner le pouvoir maintenant, mais qu'il ne peut le faire de peur que le pays ne sombre dans le chaos», a déclaré la journaliste d'ABC Christiane Amanpour, après avoir rencontré le président pendant 30 minutes au palais présidentiel du Caire, lourdement protégé par l'armée.

M. Moubarak a ajouté qu'il ne voulait pas voir «les Égyptiens se battre entre eux», après les violences qui ont opposé ses partisans aux manifestants réclamant son départ, selon des propos directement rapportés par Mme Amanpour et diffusés par ABC sur son site internet.

«J'ai été très mécontent de ce qui s'est passé hier», a encore déclaré M. Moubarak, tout en mettant les violences sur la place Tahrir du Caire sur le compte du mouvement islamiste des Frères musulmans.

Interrogé sur les appels des États-Unis en faveur d'une transition rapide du pouvoir, M. Moubarak a révélé qu'il avait déclaré à son homologue américain Barack Obama: «Vous ne comprenez pas la culture égyptienne ni ce qui se passerait si je devais démissionner».

M. Moubarak s'est dit soulagé d'avoir annoncé qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle de septembre, assurant qu'il n'avait «jamais eu l'intention de se représenter».

Il a également déclaré devant son fils Gamal, présent lors de l'entretien, qu'il n'avait jamais eu l'intention que ce dernier lui succède.

M. Moubarak a également déclaré qu'il n'entendait pas quitter le pays et souhaitait mourir en terre égyptienne.

«Je ne m'inquiète pas de ce que les gens disent sur mon compte. A l'heure qu'il est, je me préoccupe de mon pays, je me préoccupe de l'Égypte», a-t-il déclaré.

Mme Amanpour a indiqué avoir également discuté avec le vice-président égyptien Omar Souleimane des risques d'intervention armée contre les manifestants.

«Je lui ai posé la question à plusieurs reprises et à chaque fois il a répondu: nous n'autoriserons jamais un recours à la force contre le peuple», a rapporté la journaliste.

MM. Moubarak et Souleimane «pensent qu'ils ont répondu aux exigences du peuple», a-t-elle ajouté.