Les capitales occidentales semblaient prêtes mercredi à lâcher le président égyptien Hosni Moubarak, estimant qu'il doit mettre immédiatement en place un réel processus de transition et non se contenter de quitter le pouvoir en septembre.

Comme depuis le début, il y a neuf jours, du mouvement de protestation contre Hosni Moubarak, Washington a donné le «la» à propos de ce pays qui, dans la foulée de la Tunisie, pourrait basculer vers un autre régime sous la pression de la rue.

Mardi soir, après avoir été hué par plus d'un million d'Égyptiens qui exigent son départ, le «raïs», 82 ans dont 29 au pouvoir, a annoncé dans un discours télévisé qu'il restait en place, mais qu'il ne serait pas candidat à la présidentielle de septembre.

Pas assez, ont immédiatement répondu les États-Unis pour qui l'Égypte constitue la clé de voûte de leur politique au Moyen-Orient.

«Ce qui est clair, et je l'ai dit ce soir au président Moubarak, c'est que je crois qu'une transition bien ordonnée doit être significative, elle doit être pacifique et elle doit commencer maintenant», a martelé le président américain Barack Obama dans une intervention solennelle, sans toutefois aller jusqu'à appeler le chef de l'État égyptien à démissionner immédiatement.

Les États-Unis «déplorent et condamnent» la violence contre les «manifestants pacifiques» en Égypte, a en outre averti mercredi la Maison Blanche, tandis que le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, a affirmé avoir «confiance» dans l'armée égyptienne pour assurer la sécurité du pays et du canal de Suez.

Après Washington, le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé mercredi Hosni Moubarak à agir «le plus vite possible» pour réaliser la «transition» politique demandée par les manifestants.

«Nous déplorons les pertes en vies humaines et appelons tous les protagonistes en Égypte à ouvrir sans attendre un dialogue ouvert pour permettre une transition pacifique vers la démocratie, dans le respect des droits de l'homme», a renchéri l'Otan.

Dénonçant «les attaques contre des manifestants pacifiques», le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté à une «transition dans l'ordre et le calme», ajoutant que «les Nations unies sont prêtes à fournir leur aide» au Caire. «Si une transition doit se faire, cela doit être maintenant», a-t-il souligné.

Londres et Madrid ont plus explicitement prôné la mise en place d'un «gouvernement de transition».

«S'il s'avérait que le régime a encouragé de quelque façon que ce soit la violence, ou l'a tolérée, ce serait totalement inacceptable», a en outre dit le Premier ministre britannique David Cameron, insistant pour que la transition politique en Égypte soit «accélérée et intervienne rapidement».

Pour la ministre espagnole des Affaires étrangères Trinidad Jimenez, «il doit y avoir un gouvernement, qui peut être d'union nationale», «qui dirige ce processus jusqu'à la convocation d'élections générales».

«L'ère Moubarak dans la politique égyptienne est révolue», a jugé, plus direct encore, son homologue suédois Carl Bildt.

Tout comme le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui incarne l'islamisme politique modéré et qui considère que la seule option est un départ immédiat du «raïs».

De son côté, Nicolas Sarkozy a accru mercredi la pression internationale qui pèse sur son «ami» Hosni Moubarak, une des cartes maîtresses de sa diplomatie au Moyen-Orient, en réclamant qu'un «processus de transition concret s'engage sans tarder et permette de répondre au désir de changement et de renouvellement exprimé avec force par la population».

L'Allemagne «pousse en faveur (...) d'une transition rapide vers une nouvelle ère de démocratie», a déclaré le porte-parole de la chancelière Angela Merkel. «Les scènes de violence dans les rues du Caire nous poussent à nous demander si la direction politique en Égypte a compris la nécessité d'une rapide restructuration démocratique», a relevé le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle.

En dépit du caractère autoritaire de son régime, Hosni Moubarak avait jusque là toujours été soutenu par les capitales occidentales pour son respect des accords de paix avec Israël de 1979 et pour sa lutte contre les islamistes.

A cet égard, le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu a mis mercredi en garde contre le risque que la révolte populaire en Égypte ne débouche sur une période «d'instabilité et d'incertitude pendant de nombreuses années» dans la région.