Gérard BouchardPrésident de la Fédération d'agriculture biologique du Québec

Le secteur biologique est préoccupé par la question des organismes génétiquement modifiés et des biotechnologies. Il est de plus en plus difficile pour les producteurs biologiques de se procurer des semences qui ne sont pas génétiquement modifiés pour la production de maïs grain (alimentation animale) et il est presque impossible d'en trouver pour la production de canola. Par miracle, quelques producteurs situés dans des régions plus éloignées réussissent à produire du canola bio, mais ils courent beaucoup de risque que leur production soit contaminée. Si un déclassement des grains à cause d'une contamination survient, ce sont les producteurs biologiques qui en font les frais et non celui ou ceux qui ont causé la contamination. Il est presque impossible de contrôler la contamination génétique puisque le pollen voyage énormément et vient alors contaminer les champs voisins. C'est un véritable fléau.

Les compagnies réalisent presque toutes leur recherche sur des produits modifiés génétiquement, ce sont elles qui ont le contrôle. Le producteur agricole se retrouve alors devant de moins en moins de choix. Les compagnies font des recherches qui leur profitent à eux et diffusent les informations qu'elles veulent bien diffuser. Aucune organisation n'a les moyens de faire contrepoids à ces multinationales puisque le gouvernement s'est énormément retiré dans le domaine de la recherche fondamentale.

Ce qu'il faudrait, c'est reprendre le contrôle qui a été laissé aux compagnies pour conserver et développer des semences qui répondent aux besoins des producteurs agricoles et des citoyens et non des compagnies. Pour faciliter le choix des consommateurs, il faut les informer adéquatement sur les organismes génétiquement modifiés et sur les biotechnologies et mettre en place un étiquetage obligatoire des OGM.