Collectif des AmiEs de la Terre de Québecwww.atquebec.org

En fait, la question devrait plutôt être : « Les OGM contribuent-ils à détruire la planète? » En effet, les promoteurs des OGM sont les mêmes conglomérats agro-chimiques qui encouragèrent la première révolution verte avec ses engrais chimiques et ses pesticides. Révolution agricole qui conduisit à la surexploitation des sols (dégradation,érosion, pollution), à la pollution de l'eau, à déforestation, à la désertification, à la perte de biodiversité, à la perte des cultures vivrières et quoi d'autre encore. Avec les OGM, on poursuit cette fuite en avant vers un étranglement encore plus marqué de la diversité génétique des plantes et à une dépendance encore plus grande des paysans envers une poignée de multinationales.Cela fait plus de 10 ans qu'on nous ressasse les supposés avantages des OGM. Dans les faits, on note plutôt une augmentation de l'utilisation des herbicides, l'arrivée de nouvelles super mauvaises herbes, davantage de monoculture, sans compter les effets négatifs sur la santé que nous connaissons encore trop peu. Cette agriculture intensive fait fausse route, plutôt que d'apprendre des connaissances issues de l'agroécologie, on s'entête à poursuivre tête baissée dans cette direction toujours plus dominatrice de la nature et aux conséquences irréversibles.

Marie-Monique Robin, avec son excellent documentaire Le Monde Selon Monsanto, présente la réalité qui se trouve derrière l'expansion rapide des OGM : études falsifiées, lobby et corruption gouvernemental et dispersions illégales de semences. On ne peut que se méfier d'une multinationale de biotechnologie affirmant d'un côté protéger l'environnement et qui de l'autre, est derrière l'agent orange, utilisé durant la Guerre du Vietnam, du DDT, des PCB, du RoundUp. On ne parle pas seulement de Monsanto, DuPont a produit du plutonium à des fins militaires et des CFC; Dow Chemical du Napalm; ou encore Syngenta des prothèses mammaires. Arrêtons de se faire des illusions sur leurs préoccupations environnementales et sociales.

Vouloir « sauver la planète », c'est aussi vouloir sauver ses habitants. Autrement dit, s'assurer que les gens mangent à leur faim, qu'ils consomment des aliments sains et qu'ils vivent dans un environnement non pollué. Nous savons bien que la faim dans le monde est davantage un problème politique de distribution qu'un problème de production. Plutôt que d'uniformiser les terres agricoles, encourageons la culture vivrière pour l'alimentation locale.

Avec le brevetage des semences, le paysan perd sa liberté : « Tu ne mangeras rien, à moins que tu ne paies un droit d'utilisation sur mes semences ». Cette forme de servage moderne sert bien les intérêts économiques des compagnies et de leurs actionnaires. Les compagnies vont jusqu'à détruire volontairement la capacité des plantes à se reproduire et à pousser normalement avec des gènes « terminator » ou « traitor ». Juste émettre l'idée donne froid dans le dos.

Les OGM sont des plantes développées en laboratoire à l'aide de microscopes et de technologies approximatives (par exemple la biolistique). Rien à voir avec la sélection traditionnelle. Par clonage et par sélection de certaines lignées agronomiques, on réduit encore davantage la diversité génétique. Pourtant, la sécurité alimentaire passe par la biodiversité des cultures. Devant les aléas du climat, les risques de maladies et de ravageurs, reposer sur quelques cultures à grande échelle nous met tous à risques. Les plantes OGM, en plus de ne pas être nécessairement adaptées à des biorégions, sont développées à des coûts faramineux. Pourtant, nous connaissons des alternatives plus efficaces et abordables comme la sélection systémique utilisée par le chercheur André Comeau à Agriculture Canada (Magazine Bio-Bulle, volume 74, janvier/février 2007).

De plus, l'impact de l'insertion forcée et imprécise de ces gènes étrangers peut occasionner la production de substances inconnues. Puis au moment d'en évaluer l'innocuité, les promoteurs mettent de l'avant le principe d'équivalence en substance qui n'a aucun fondement scientifique et fait en sorte qu'aucune étude indépendante à long terme n'est effectuée. On peu même lire sur le site de l'Agence canadienne d'inspection des aliments : « Après examen des données et des renseignements soumis par [la compagnie] ». Une compagnie ne publiera pas des résultats négatifs si elle veut obtenir l'approbation.

Certains chercheurs ont osé émettre des réserves ou parler de leurs recherches démontrant les effets négatifs des OGM mais ils subissent la censure. Pensons au congédiement d'Arpard Puztai avec les pommes de terre GM, ou encore Shiv Chopra et l'hormone de croissance bovine. Malgré toutes ces tentatives de cacher la réalité, les études indépendantes observant des anomalies sur le développement des organes internes d'animaux nourris avec des plantes génétiquement modifiées s'additionnent. Cette culture du secret se poursuit aussi avec l'absence d'étiquetage obligatoire alors que la majorité de la population le réclame.

Pour en revenir à la question, ce n'est évidemment pas en dominant toujours davantage la nature et les gens; ni avec une panacée comme les OGM; ni avec des multinationales qui font des milliards de profits que nous allons sauver la planète. Une nouvelle technologie que seule une « élite » peut modifier, posséder et voir même utiliser, n'a rien de salvateur, bien au contraire! Les OGM sont plutôt un détournement de fonds et un détournement d'attention face au véritable problème, soit la remise en question des fondements de notre société industrielle. Les crises que nous vivons actuellement découlent d'une culture axée sur la SURconsommation et le profit. Déjà depuis 1986, les humains consommaient chaque année plus de ressources que ce que la planète est capable de renouveler. Si bien qu'en 2030, il faudra l'équivalent de deux planètes terre pour répondre aux « besoins » des êtres humains... un cul-de-sac environnemental.

Bref, sauver la planète ne pourra se faire par une panacée technologique venant de l'extérieur. Elle passera par une prise de conscience individuelle, par la décentralisation, par la réduction de notre empreinte écologique et par une plus grande conscience et respect envers la nature. Les OGM sont une fuite en avant et qui ne remet pas en question notre mode de vie, mais profite plutôt d'un contexte de crise pour faire toujours plus d'argent. Alors soyons aux aguets, car lors des moments de crise comme celui qui se vit actuellement, on tente souvent de nous faire avaler la couleuvre...

Ressources :

Physicians and Scientists for Responsible Application of Science and Technology, http://www.prast.org

Fonds Mondial pour la Nature, Rapport Planète Vivante, 2008 http://www.wwf.fr/documents/rapport_planete_vivante_2006