Les armées française et africaine restaient vigilantes mardi à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, théâtre pendant quatre jours de violences de la part des groupes islamistes armés qui ont réussi à s'y infiltrer et promis d'y rester pour combattre «les mécréants».

Les armées française et africaine restaient vigilantes mardi à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, théâtre pendant quatre jours de violences de la part des groupes islamistes armés qui ont réussi à s'y infiltrer et promis d'y rester pour combattre «les mécréants».

La vigilance est d'autant plus grande que les jihadistes du nord du Mali ont reçu le soutien d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, qui a qualifié «la croisade contre l'islam» menée par la France de «déclaration de guerre contre l'islam et les musulmans».

«Soutenir les musulmans au Mali est un devoir pour tout musulman capable de le faire», affirme un communiqué d'Aqpa, précisant que les musulmans peuvent «payer de leur vie ou contribuer financièrement» au jihad (guerre sainte).

À Gao, à 1200 km au nord-est de Bamako, où ont eu lieu vendredi et samedi les premiers attentats-suicide de l'histoire du Mali, ainsi que des combats de rues opposant dimanche des groupes de jihadistes à des soldats maliens et français, la situation reste tendue.

Le principal marché de la ville était quasi désert, la majorité des boutiques étaient fermées, a constaté un journaliste de l'AFP. Des patrouilles maliennes et nigériennes sillonnaient les rues.

«Les gens ont peur, à cause de la sécurité et parce qu'on procède à des arrestations», a confié un officier malien.

Les soldats eux-mêmes étaient très nerveux, ne quittant pas leurs armes, les Nigériens arborant casque et gilet pare-balles. Quelques coups de feu ont été entendus en milieu de matinée.

Des militaires patrouillaient également le long du fleuve Niger. «On cherche des éléments (islamistes) qui ont traversé en pirogue et se sont infiltrés», a expliqué un soldat, tandis qu'au sud de Gao, des soldats nigériens fortifiaient leur base.

Les forces de sécurité continuent par ailleurs de découvrir quotidiennement à travers la ville des stocks de munitions et d'explosifs.

Un journaliste de l'AFP a ainsi vu dans la cour d'une maison déserte du centre de gros bidons remplis d'une substance inconnue avec des fils électriques, pouvant constituer un engin explosif artisanal puissant.

Prévenues par des témoins, les forces françaises et maliennes n'étaient pas encore intervenues mardi pour déblayer la cour.

«Les moujahidines resteront» à Gao

Lundi à l'aube, un hélicoptère de l'armée française avait bombardé le commissariat principal, ancien siège de «la police islamique» pendant l'occupation de la ville par les jihadistes en 2012, où étaient retranchés dimanche plusieurs d'entre eux tirant sur les soldats maliens.

Des témoins ont affirmé qu'un kamikaze s'était également fait exploser dans le commissariat, sans pouvoir dire si c'était avant ou pendant le bombardement.

Le ministre malien de la Défense, Yamoussa Camara, a fait état d'un bilan de trois islamistes tués et onze capturés, trois soldats maliens blessés, à l'issue des combats de dimanche.

Un bilan de source hospitalière mentionnait au moins trois civils tués.

Les deux attentats-suicide contre l'armée malienne à un poste de contrôle à l'entrée nord de Gao et les affrontements de dimanche ont été provoqués par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).

Ce groupe islamiste également dénoncé pour ses activités criminelles, dont le trafic de drogue, occupait totalement la ville depuis juin 2012 où, au nom d'une interprétation rigoriste de la charia (loi islamique), il a commis de nombreuses exactions avant l'arrivée des troupes françaises et maliennes le 26 janvier.

En revendiquant ces actions, Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao, avait affirmé qu'il les poursuivrait «jusqu'à la victoire» contre l'armée malienne et «les ennemis de l'islam». «Les moujahidines sont dans la ville de Gao et y resteront», avait-il ajouté.

En dépit de la tension à Gao, le président français François Hollande a estimé lundi, un mois jour pour jour après le début de l'intervention de l'armée française au Mali, que «l'essentiel du territoire malien a été libéré».

«Aucune ville n'est occupée par un groupe terroriste, aucun des réseaux ou groupes qui jusque-là mettaient en péril la vie des Maliens n'est capable de mener une véritable offensive», selon lui.

L'armée malienne a aussi repris, sans combat, le contrôle de Ménaka (Nord), à 80 km de la frontière nigérienne, où les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA, l'Azawad étant le nom touareg de la région du Nord du Mali) s'étaient installés depuis le 5 février.

Et l'Union européenne a annoncé mardi la reprise de son aide publique au Mali, gelée après le coup d'État de mars 2012, qui pourrait atteindre 250 millions d'euros. La France avait déjà fait part le 4 février de la reprise progressive de son aide, après l'adoption d'une feuille de route politique prévoyant notamment des élections d'ici le 31 juillet.