L'armée française et les soldats maliens sont entrés lundi à Diabali et à Douentza, deux villes qui étaient sous le contrôle des islamistes, poursuivant leur traque des combattants liés à Al-Qaïda qui occupent une grande partie du Mali.

Rompant avec la quasi-unanimité de la communauté internationale, le président égyptien Mohamed Morsi s'est prononcé lundi contre l'intervention au Mali.

«Nous n'acceptons en aucun cas l'intervention militaire au Mali (...) qui est de nature à alimenter le conflit dans la région», a dit M. Morsi, issu des Frères musulmans.

A Alger, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a assuré que l'Algérie «n'enverra aucun soldat au Mali», mais continuera à protéger ses frontières, lors d'une conférence de presse consacrée à la prise d'otages sur un site gazier dans le Sahara algérien par un groupe proche d'Al-Qaïda disant agir en représailles à l'opération française au Mali.

«La position de l'Algérie est claire: l'intégrité du Mali doit être préservée. On ne peut pas accepter un +Sahelistan+ demain à la frontière algérienne», a-t-il ajouté.

Sur le terrain, les 2150 soldats français présents au Mali progressent vers le Nord au côté des troupes maliennes.

Une colonne d'une trentaine de véhicules blindés dans laquelle se trouvaient quelque 200 soldats maliens et français est entrée à Diabali, à 400 km au nord de Bamako, sans rencontrer de résistance, selon un journaliste de l'AFP qui les accompagnait.

Drapeau français, applaudissements et cris de «Vive la France»: la population a salué l'arrivée des soldats, une semaine après la chute de la ville aux mains des islamistes armés, pilonnés par l'aviation française.

«Ca me plaît beaucoup», témoigne Mohamed Suribuhari, commerçant, ajoutant: «On était menacé par les jihadistes, on a passé longtemps sans sortir. Mais après les bombardements, ils ont pris la tangente, le dernier convoi a quitté vendredi soir».

Autour de lui, de nombreux habitants brandissaient leurs téléphones portables pour prendre en photo les «libérateurs». Soldats français et maliens avançaient avec prudence, craignant la présence de mines ou de pièges, recherchant caches d'armes et stocks de munitions.

A Paris, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a aussi annoncé la prise de Douentza, à 800 km au nord-est de Bamako.

«Cette avancée de l'armée malienne vers les villes tenues par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le gouvernement de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Repli des islamistes vers Kidal

Douentza, qui se trouve à environ 100 km de Konna (centre), reprise le 17 janvier par l'armée malienne aux islamistes, était tombée sans combats le 1er septembre 2012 aux mains du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).

Elle se trouve sur une route stratégique d'où peuvent être menées des opérations vers les grandes villes du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal, prises fin mars 2012 par les groupes jihadistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont mis en déroute l'armée malienne.

Plusieurs sources ont fait état d'un repli des islamistes vers Kidal (extrême nord-est), à 1500 km de Bamako, près de la frontière algérienne. Kidal avait été la première ville du Nord conquise par les rebelles touareg et les islamistes, qui en avaient ensuite évincé leurs anciens alliés.

L'état d'urgence, en vigueur depuis le 12 janvier au Mali, a été prorogé lundi pour trois mois supplémentaires, afin d'assurer «le bon déroulement des opérations militaires en cours pour la libération des régions occupées de notre pays» et pour «maintenir un climat social serein», selon le gouvernement.

En situation d'état d'urgence, les réunions publiques, rassemblements, manifestations de rues et tout ce qui est de nature à troubler l'ordre public sont interdits.

De nouveaux pays ont répondu aux demandes d'aide logistique et financière de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour le déploiement de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali), qui à terme, sera composée de quelque 6000 soldats africains.

Le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, a appelé la communauté internationale à «se mobiliser» pour boucler le financement de la Misma, qu'il estime à «environ 500 millions de dollars» (375 millions d'euros).

Quelque 2000 soldats de la Misma doivent être déployés d'ici au 26 janvier, mais jusqu'à présent, moins de 200 sont arrivés à Bamako.

Pour sa part, l'Union européenne, discrète jusqu'à présent, a proposé d'organiser une réunion internationale sur le Mali le 5 février à Bruxelles, avec la participation de l'Union africaine, de la Cédéao et de l'ONU.