Douze otages ont été tués depuis le lancement de l'opération de l'armée algérienne contre le groupe islamiste, auteur du rapt de centaines de personnes mercredi sur un site gazier dans le Sahara, a annoncé vendredi une source sécuritaire, cité par l'agence officielle APS.

«En plus des 18 terroristes mis hors d'état de nuire, 12 employés algériens et étrangers ont péri», a précisé cette source, sans donner de précision sur le nombre et la nationalité des victimes et précisant qu'il s'agissait d'un bilan provisoire.

Plus tôt, l'APS avait indiqué que 18 insurgés islamistes qui avaient attaqué le site gazier d'In Aménas avaient été tués par les forces spéciales algériennes lors de leur assaut lancé jeudi pour libérer les otages.

Les forces spéciales algériennes ont par ailleurs libéré quelque 100 des 132 otages étrangers détenus par les islamistes, selon cette même source.

Une trentaine d'étrangers au sort incertain

Le sort d'une trentaine d'otages étrangers était toujours incertain vendredi après-midi.

La confusion continuait de régner sur le nombre de victimes de l'assaut lancé jeudi par l'armée, et les capitales occidentales et asiatiques s'inquiètent pour leurs ressortissants enlevés par ce groupe qui a dit agir notamment en représailles à l'intervention militaire française au Mali.

L'armée cernait le complexe gazier d'In Aménas, à 1300 km au sud-est d'Alger, non loin de la frontière libyenne, où «un groupe terroriste est encore retranché», a dit à l'AFP une source sécuritaire algérienne.

Le bilan provisoire fait état de 573 otages algériens libérés par les forces spéciales, a précisé l'agence ajoutant que l'opération pour déloger le «groupe terroriste retranché dans l'installation gazière se poursuit».

Les premiers témoignages vendredi des rescapés de la prise d'otages en Algérie faisaient état d'une irruption soudaine des assaillants, à la recherche d'expatriés.

Outre les centaines de travailleurs algériens, des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Français, un Irlandais, des Norvégiens et des Philippins figuraient parmi les personnes prises en otages mercredi.

Concernant le bilan des morts de l'assaut, un porte-parole des islamistes, cité par l'agence mauritanienne ANI, avait parlé jeudi de 34 otages étrangers, un bilan qualifié de «fantaisiste» par la source sécuritaire algérienne.

Alger a fait état de «quelques morts» parmi les otages sans donner de bilan et une source de sécurité a parlé de 18 morts parmi les ravisseurs.

Face aux critiques émanant de plusieurs capitales étrangères concernant l'assaut, une source gouvernementale, citée par l'APS, a indiqué que l'assaut, mené dans des conditions «extrêmement complexes», avait évité un «véritable désastre».

Il a fait état d'un groupe doté d'un véritable arsenal de guerre composé de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d'assaut.

Pour lui, le groupe composé de plusieurs nationalités, voulait acheminer les otages au Mali pour s'en servir de monnaie d'échange.

Site gazier mis hors service

L'opération menée par l'armée sur le site d'hébergement, où se trouvait la plupart des otages, s'est achevée jeudi, ont indiqué des responsables locaux cités par l'APS, mais des otages sont toujours retenus dans le périmètre de l'usine gazière de Tigantourine, cernée par les forces spéciales.

Une source sécuritaire a indiqué à l'AFP que l'armée tentait encore de «parvenir à un dénouement pacifique» avant de neutraliser le groupe.

Citant des sources au sein du groupe de Mokhtar Belmokhtar, auteur du rapt, ANI a affirmé que ce dernier propose «à la France et à l'Algérie de négocier pour l'arrêt de la guerre menée par la France» dans le nord du Mali.

Un Britannique et un Algérien avaient été tués au début de l'attaque mercredi.

L'opération a soulevé des questions à Tokyo, Londres, Oslo et Washington qui ont dit regretter ne pas avoir été mis au courant des intentions algériennes.

Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a lui lancé une mise en garde aux insurgés, en déclarant qu'il n'y aurait «pas de sanctuaire pour les terroristes».

L'Algérie s'est trouvée entraînée malgré elle dans le conflit malien avec cette prise d'otages, les ravisseurs ayant dénoncé le soutien logistique algérien aux militaires français.

«Traque aux terroristes»

L'armée algérienne «traque toujours des terroristes» et cherche «probablement» des otages après l'attaque d'islamistes sur un site gazier dans le Sahara, a déclaré vendredi matin le premier ministre britannique David Cameron.

L'armée algérienne «traque toujours les terroristes et (cherche) probablement des otages dans d'autres endroits du site», a dit M. Cameron devant les députés britanniques, après s'être entretenu pour la quatrième fois avec son homologue algérien Abdelmalek Sellal.

«Hier soir (jeudi, NDLR), le nombre de Britanniques en danger était de moins de 30. Heureusement, nous savons maintenant que ce nombre a diminué de façon vraiment significative», a-t-il poursuivi. «Je suis sûr que la chambre (des Communes) comprendra pourquoi - alors qu'une opération est en cours - je ne peux pas en dire plus à ce stade», a-t-il encore dit.

M. Cameron, qui a qualifié de «terroriste, brutale et sauvage» l'attaque de mercredi, a une nouvelle fois regretté de ne pas avoir été prévenu du lancement, jeudi, de l'opération par l'armée algérienne.

La priorité du Royaume-Uni «reste la sécurité des Britanniques, le rapatriement de ceux qui ont été tués et l'évacuation des otages blessés et libérés», a encore dit M. Cameron, qui a annulé un déplacement vendredi aux Pays-Bas, où il devait prononcer un discours clé sur l'Union européenne.

Une équipe consulaire britannique est en route pour Alger et du personnel diplomatique se rendra «aussi vite que possible dans le sud» de l'Algérie, où a lieu la prise d'otages, a précisé le premier ministre.

Londres travaille aussi «en étroite collaboration» avec le groupe pétrolier BP, qui exploite le site gazier avec des partenaires algérien et norvégien. «Nous avons des avions civils en stand-by» pour aider, le cas échéant, BP dans l'évacuation de son personnel, a dit M. Cameron.

Échange d'otages avec les États-Unis



Le chef du groupe islamiste demande à la France de «négocier» la fin de la guerre au Mali et propose de libérer «les otages américains» contre des islamistes détenus aux États-Unis, a rapporté vendredi l'agence mauritanienne ANI.

Citant des sources au sein du groupe de Mokhtar Belmokhtar, ANI a affirmé que ce dernier propose «à la France et à l'Algérie de négocier pour l'arrêt de la guerre menée par la France dans l'Azawad (le nord du Mali)».

Belmokhtar propose en outre, selon les mêmes sources, «d'échanger les otages américains détenus par son groupe - «les Signataires par le Sang-» contre un Égyptien et une Pakistanaise emprisonnés aux États-Unis pour des accusations liées au terrorisme.

Omar Abdel-Rahman (le cheikh aveugle) a été condamné à la prison à vie aux États-Unis en 1995 pour complot en vue d'attaquer des cibles new-yorkaises et d'assassiner l'ancien président égyptien Hosni Moubarak.

Aafia Siddiqui» est une scientifique pakistanaise emprisonnée aux États-Unis pour avoir tenté de tirer sur des soldats américains en 2008 en Afghanistan, alors qu'elle était détenue pour ses liens présumés avec Al-Qaïda.

Belmokhtar a fait cette offre dans une vidéo qu'il a enregistrée et qui «sera distribuée aux médias», ont précisé les sources citées par ANI.

Belmokhtar, surnommé «le Borgne», est l'un des chefs historiques d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qu'il a introduit dans le nord du Mali.

Des sources sécuritaires concordantes au Mali avaient indiqué en octobre que Belmokhtar avait été destitué par le chef de l'AQMI de la brigade qu'il dirigeait.

Des centaines de personnes évacuées

Le groupe pétrolier britannique BP a annoncé vendredi que trois vols avaient quitté l'Algérie jeudi avec onze de ses employés ainsi que «plusieurs centaines» de salariés d'autres entreprises et qu'un quatrième vol était prévu vendredi.

Ces personnes ont été évacuées du site gazier d'In Aménas, dans le Sahara algérien, théâtre de la prise d'otages, ainsi que du reste de l'Algérie, a précisé une porte-parole à l'AFP.

Le premier vol est arrivé à Londres jeudi, tandis que les deux autres ont atterri durant la nuit à Palma sur l'île espagnole de Majorque, d'où ils doivent repartir vendredi.

«Nous organiserons d'autres vols en fonction des nécessités», ajoute dans un communiqué BP, qui exploite le site d'In Aménas aux côtés du norvégien Statoil et de l'algérien Sonatrach.

«Il y a un petit nombre d'employés de BP à In Aménas dont la localisation actuelle et la situation demeurent incertaines», ajoute le groupe, sans vouloir donner d'autres détails sur le nombre de personnes impliquées, leur nationalité ou leur identité.

BP, qui se présente comme le premier investisseur étranger en Algérie, avait annoncé jeudi qu'il était en train d'évacuer du pays un groupe de travailleurs jugés non essentiels.

Il est implanté sur les sites gaziers d'In Salah à 1200 kilomètres au sud d'Alger dans le Sahara et d'In Aménas, où a lieu la prise d'otages.

Les ravisseurs promettent «plus d'opérations»



Le groupe islamiste armé qui a attaqué le site gazier d'In Aménas a menacé de mener «plus d'opérations», selon un de ses porte-parole cité vendredi par ANI.

«Tout en tenant compte des souffrances du peuple algérien, nous promettons au régime en place plus d'opérations», a affirmé le porte-parole des «Signataires par le sang».

Il a appelé les Algériens «à se tenir à l'écart des lieux d'implantation des compagnies étrangères», car, a-t-il dit, «nous surgirons par où personne ne s'y attendra».

Jeudi, le ministre algérien de la Communication Mohamed Said avait fait état d'un «nombre important d'otages libérés et malheureusement quelques morts et blessés», sans autre précision.

Un porte-parole des islamistes, cité par l'agence mauritanienne ANI, avait déclaré que l'opération de l'armée algérienne avait fait une cinquantaine de morts, 34 otages et 15 ravisseurs.

Ce bilan des morts donné par les ravisseurs est «fantaisiste», a estimé une source sécuritaire en Algérie.

«Dix-huit terroristes ont été tués hier», a déclaré vendredi une source sécuritaire algérienne à l'AFP.

La confusion régnait vendredi sur le bilan et les circonstances de l'assaut mené la veille par l'armée algérienne sur le site gazier d'In Aménas dans le centre-est du pays, où un groupe islamiste, disant agir en riposte à l'intervention de la France au Mali, avait pris en otages mercredi au moins 41 étrangers et des centaines de locaux.