Le pape Francois a évoqué lundi la guerre en Irak, appelant à une intervention de l'ONU pour «stopper une agression injuste» et critiquant implicitement les États-Unis pour leur action unilatérale.

Dans l'avion qui le ramenait de Corée du sud, à l'issue de son premier voyage en Asie, le souverain pontife argentin a répondu à 14 questions tous azimuts de journalistes, qui lui ont aussi permis d'exprimer son  «envie» très forte d'aller en Chine, l'éventualité d'une démission si les forces l'abandonnaient et même sa propre mort.

François a été d'abord interrogé sur les frappes américaines visant des cibles de l'État islamique (EI) dans le nord de l'Irak: «dans le cas où il y a une agression injuste, il est licite de stopper l'agresseur injuste. Je souligne le verbe: stopper, je ne dis pas bombarder ni faire la guerre».

Mais «une seule nation ne peut juger comment arrêter» cette agression, a-t-il ajouté, dans une critique implicite des frappes américaines.

«Après la Deuxième Guerre mondiale, on a eu l'idée des Nations unies, c'est là qu'on doit discuter et dire: il y a un agresseur injuste, comment allons-nous l'arrêter». Et «les moyens avec lesquels on peut arrêter l'agression injuste doivent être évalués», a encore estimé le pape, dans une réponse visiblement soigneusement préparée.

«Arrêter l'agresseur injuste est un droit dont l'humanité dispose, mais aussi un droit qu'a l'agresseur d'être stoppé pour qu'il ne fasse pas du mal», a-t-il relevé de manière paradoxale.

«Tant de fois aussi, sous prétexte d'arrêter la guerre, l'agresseur injuste, les puissances se sont imposées aux peuples et ont mené de vraies guerres de conquête», a-t-il rappelé.

François a affirmé aussi qu'il n'y avait pas en Irak que des chrétiens opprimés mais «des hommes et des femmes de minorités religieuses, tous égaux devant Dieu».

Il a surpris ses interlocuteurs en se disant «disponible» pour se rendre, «si nécessaire» en Irak à la rencontre des réfugiés: «nous avons dit, si c'est nécessaire, à notre retour de Corée, que nous pouvons aller là-bas». Mais «en ce moment ce n'est pas la meilleure chose à faire», a-t-il remarqué.

«Niveau de cruauté effrayant» 

Selon le pape, le monde actuel vit «une troisième guerre mondiale, mais par morceaux». «Nous devons penser au niveau de cruauté auquel nous sommes arrivés. Cela doit nous effrayer».

François a demandé aux journalistes de mener dans leurs médias une réflexion sur la torture.

Le pape a, par ailleurs, fait part de son «envie» de se rendre en Chine, «demain» même. Mais «l'Eglise demande la liberté pour son métier, son travail» dans ce pays.

Pour l'été prochain il a annoncé un voyage aux États-Unis, à Philadelphie pour une «rencontre mondiale des familles», à Washington au Congrès et à l'ONU à New York.

Au chapitre des confidences sur sa vie de pape il a estimé que sa popularité «durera peu de temps. Deux ou trois ans. Et puis, à la Maison du Père!», a-t-il lancé sur le ton de la boutade, parlant de manière surprenante de sa mort.

Agé de 77 ans, François a, une nouvelle fois, mentionné l'éventualité d'une démission comme Benoît XVI: «Vous pouvez me dire: si un jour vous ne vous sentiez plus capable d'aller de l'avant, feriez-vous la même chose? Oui. Je prierais et ferais de même».

Ses vacances? Il les prend «à la maison», dans la résidence Sainte-Marthe où il vit. «Je change de rythme. Je lis des choses qui me plaisent, j'écoute de la musique. Je prie davantage. Cela me repose. Une partie du mois d'août, j'ai fait ça».

François a reconnu avoir «quelques problèmes de nerfs. Il faut bien les traiter, ces nerfs. Leur donner du maté (thé argentin qui est plutôt un excitant, ndlr) chaque jour», a-t-il plaisanté.