Les djihadistes de l'État islamique (EI) se sont emparés jeudi du plus grand barrage d'Irak, au nord de Mossoul, et contrôlent ainsi désormais l'approvisionnement en eau et en électricité d'une vaste zone, ont annoncé des responsables vendredi.

«Le barrage de Mossoul est aux mains des insurgés depuis hier (jeudi) soir», a déclaré Holgard Hekmat, porte-parole des forces kurdes peshmergas qui contrôlaient jusqu'alors l'installation.

Cette information a été confirmée par le chef du conseil provincial de Ninive (nord), dont Mossoul, prise par les djihadistes début juin, est la capitale.

«Des combats féroces ont eu lieu, et l'EI a finalement pris le contrôle du barrage», a déclaré à l'AFP Bachar Kiki.

Le barrage sur le fleuve Tigre, situé sur la rive sud du lac de Mossoul, à quelque 50 km au nord de la ville, fournit de l'eau et de l'électricité à la majeure partie de la région et est indispensable à l'irrigation de vastes zones de culture dans la province de Ninive.

En 2007, l'ambassadeur américain Ryan Crocker et le commandant des forces américaines en Irak David Petraeus avaient mis en garde contre les conséquences d'une catastrophe au barrage, affirmant qu'il menaçait de s'effondrer.

«Une défaillance catastrophique du barrage de Mossoul aurait pour conséquence des inondations le long du fleuve Tigre jusqu'à Bagdad», avaient-ils écrit dans une lettre au premier ministre irakien Nouri al-Maliki.

«Dans le pire scénario, une rupture instantanée du barrage de Mossoul, rempli à sa capacité maximale pourrait provoquer une vague de 20 mètres sur la ville de Mossoul, ce qui provoquerait des pertes humaines et des dommages considérables», ajoutait la missive.

L'EI utilise les barrages qu'il contrôle comme des armes pouvant lui permettre d'inonder de vastes zones. Plus tôt cette année, les djihadistes ont ainsi inondé d'importants secteurs aux alentours de Fallouja, à l'ouest de Bagdad.

Mais Mossoul est la place forte des insurgés en Irak et son barrage est important à l'économie de l'EI et à sa volonté de construction d'un État incarné par le «califat» proclamé fin juin.

«Évidemment, il y des risques que les insurgés inondent des zones en aval de la rivière... Mais, à Mossoul, ça serait un peu comme se tirer une balle dans le pied», estime John Drake, expert au sein du groupe AKE.