Les trois veuves d'Oussama ben Laden, présentes dans la maison où le chef d'Al-Qaïda a été tué le 2 mai dernier par un commando américain au Pakistan, ont été inculpées d'entrée illégale dans ce pays qui les maintient en détention, a indiqué le ministre de l'Intérieur.

Le ministre, Rehman Malik, n'a pas précisé quand ces femmes, de nationalités yéménite et saoudienne, ont été inculpées, ni quand leur procès débuterait.

Le 2 mai 2011, un commando de l'unité d'élite des Navy SEALs américains avait été héliporté nuitamment jusqu'à Abbottabad, une ville-garnison à deux heures de route au nord d'Islamabad, et y avait tué Oussama ben Laden, ainsi qu'un de ses fils adultes et deux de ses messagers. La plus jeune de ses épouses, yéménite, ainsi que la femme d'un des messagers avaient été blessées par balle.

Islamabad et Washington ont toujours affirmé que les autorités pakistanaises n'avaient pas été prévenues du raid. Le cadavre du chef d'Al-Qaïda avait été emporté par le commando et immergé quelque part en pleine mer après des funérailles à bord d'un navire de guerre américain, selon Washington.

Les trois épouses -deux Saoudiennes et une Yéménite-, ainsi que de nombreux enfants de ben Laden, sont, depuis, retenus en résidence surveillée au Pakistan.

Le chef d'inculpation d'«entrée illégale» sur le territoire pakistanais «n'a été enregistré que contre les adultes», a expliqué à la presse à Islamabad M. Malik. «Elles peuvent prendre un avocat et ont toute liberté de défendre leur cas devant la justice», a-t-il ajouté.

Le ministre a précisé que les enfants de ben Laden et de ses trois femmes sont retenus quelque part dans une maison de cinq chambres «équipées comme s'ils étaient chez eux», amis qu'ils étaient libres de rentrer dans leurs pays d'origine si leurs mères en font la demande.

Le raid américain d'Abbottabad continue d'empoisonner les relations entre Washington et Islamabad, pourtant son allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme» depuis fin 2001.

Le Pakistan reproche aux États unis de ne pas l'avoir averti de l'attaque et d'avoir violé son territoire et certains hauts responsables ou élus américains soupçonnent à demi-mot des membres de la toute puissante armée pakistanaise et ses services de renseignements d'avoir caché pendant des années ben Laden.

Les Américains estiment que le chef d'Al-Qaïda vivait avec sa famille dans cette villa d'Abbottabad depuis au moins cinq ans.

Les zones tribales du nord-ouest, non loin de là, frontalières avec l'Afghanistan et bastion des talibans pakistanais, sont devenues, depuis fin 2001, le principal sanctuaire d'Al-Qaïda dans le monde et la base arrière des talibans afghans.

Les drones de la CIA y tirent fréquemment des missiles depuis 2004, visant des cadres et combattants d'Al-Qaïda et des talibans pakistanais et afghans.