Un an après le double attentat qui avait endeuillé son célèbre marathon, la ville américaine de Boston a rendu mardi un émouvant hommage à ses victimes et à ceux qui avaient transformé cette journée d'horreur en formidable chaîne de solidarité.

Un moment de silence a été observé et les cloches ont sonné à 14h49, à l'heure du drame qui avait fait trois morts et 264 blessés, il y a tout juste un an, près de la ligne d'arrivée du marathon.

Le vice-président Joe Biden, le gouverneur de l'État du Massachusetts Deval Patrick, le maire et l'ancien maire de Boston, Martin Walsh et Thomas Menino, et de nombreux Bostoniens se sont recueillis sous la pluie, avant que ne soit hissé un drapeau américain.

Le président Barack Obama a également respecté ce moment de silence, à la Maison-Blanche, lors d'une réunion.

«Vous êtes une ville incroyable, une inspiration pour tous les gens de ce pays», avait auparavant déclaré aux Bostoniens Joe Biden, lors d'une cérémonie rassemblant survivants, familles de victimes, pompiers, bénévoles et policiers au Centre de convention Hynes.

«Vous êtes devenus aux yeux du monde, le visage de la détermination de l'Amérique, un peu comme ce qui s'est passé le 11-Septembre», avait-il souligné. Et quand le marathon aura lieu lundi prochain, «vous enverrez le message, non seulement au monde, mais aussi aux terroristes, que nous ne céderons jamais. L'Amérique ne démissionnera pas. (...) La ligne d'arrivée nous appartient».

Le double attentat l'an dernier avait transformé en cauchemar un marathon extrêmement populaire.

Deux bombes artisanales placées dans des cocottes-minute avaient explosé quasi simultanément près de la ligne d'arrivée, tuant trois spectateurs, dont un petit garçon de huit ans. Sur les 264 blessés, une douzaine ont dû être amputés.

«La scène à l'extérieur était la plus horrible que j'ai jamais vue, à part dans les films de guerre», se souvient Shane O'Hara, patron d'un magasin de sports situé près de la ligne d'arrivée.

«On a pris tous les vêtements qu'on pouvait dans la vitrine, pour les donner aux équipes de secours pour en faire des bandages ou des garrots», dit-il à l'AFP.

Prochain marathon le 21 avril 

Les bombes cachées dans des sacs à dos à même le sol avaient été déposées par deux frères musulmans d'origine tchétchène vivant à Boston, identifiés quelques jours plus tard.

L'aîné, Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, sera tué le 19 avril après une course poursuite avec la police. Son frère Djokhar, aujourd'hui âgé de 20 ans, sera arrêté, grièvement blessé, quelques heures plus tard, caché dans un bateau.

«Le gouvernement américain tue nos civils innocents. Je ne peux pas supporter de voir ce mal rester impuni. Nous, musulmans, sommes un seul corps, vous faites du mal à l'un de nous, vous nous faites du mal à tous», avait-il écrit sur une des parois du bateau.

Son procès doit commencer le 3 novembre. Inculpé notamment d'utilisation d'arme de destruction massive ayant entraîné la mort et attentat dans un espace public, il risque la peine de mort.

Le marathon de Boston --le plus vieux du monde-- se court chaque année durant la «Journée des patriotes», jour férié dans le Massachusetts. Il aura lieu cette année le 21 avril.

Le nombre autorisé de participants a été augmenté à 36 000, contre 27 000 ces dernières années, et certains le courront pour la première fois en mémoire des victimes.

Heather Abbott, amputée d'un pied, ira ainsi soutenir Peter Riddle, un passant qui avait contribué à lui sauver la vie, et Erin Chatham, une femme qui l'avait trouvée sur le sol. «Elle court pour la première fois le marathon», dit Heather Abbott, très émue.

Les mesures de sécurité ont été renforcées. Aucun sac ne sera autorisé ni pour les spectateurs, ni pour les coureurs, à l'exception pour ces derniers d'un sac transparent pour leurs affaires de rechange.

Les bouteilles en verre, ou de plus d'un litre, sont interdites, ainsi que les vestes avec poches pour les participants.

Les spectateurs ne pourront apporter ni couverture ni glacière.

Parmi les coureurs, le patron du magasin de sports Shane O'Hara. «J'espère que passer la ligne d'arrivée me permettra de tourner la page».