Des centaines de Bostoniens se sont recueillies hier au coeur de la capitale du Massachusetts, théâtre il y a une semaine des attentats meurtriers qui ont fauché 3 personnes, en plus d'en blesser 180 autres.

Les gens ont commencé à déferler en matinée à l'angle des rues Berkeley et Boylston, non loin de l'endroit où les bombes ont explosé lundi dernier. Un important tronçon de la rue Boylston est toujours interdit d'accès et sous haute surveillance. Des enquêteurs du FBI vêtus de leur combinaison blanche étudiaient hier la scène de crime.

Même si la foule grossissait de minute en minute, seul le bruit du vent qui claquait brisait le silence ambiant. «Je ne réalise pas encore ce qui est arrivé. Mais on est fort, à Boston. Plus fort que jamais!», a chuchoté Nick Tortola.

Un peu plus loin, Molly Gilligan, 20 ans, fixait la rue déserte, le visage long.

Elle se préparait à entreprendre la dernière ligne droite et à franchir le fil d'arrivée lorsque les explosions ont gâché la fête et plongé le pays en plein cauchemar. «Je trouvais important d'offrir mes condoléances à ceux qui ont eu moins de chance que moi», a expliqué la jeune femme, vêtue de la tenue officielle du dernier marathon de Boston. Elle a l'intention de la porter au prochain marathon auquel elle prendra part, l'automne prochain au Minnesota, d'où elle vient.

Vers midi, le soleil irradiait, malgré le vent frisquet. Les magnolias en fleurs en bordure de l'intersection ajoutaient une touche féérique au décor. Ces mêmes arbres alignés à perte de vue tout près, dans l'avenue du Commonwealth, où défilent les joggeurs.

Une messe «touchante»

Quelques instants plus tard, les paroissiens ont commencé à sortir par grappes des nombreuses églises éparpillées dans le secteur, dont la Church of the Convenant, à l'angle de Newbury. «C'était une messe très touchante. C'est une période difficile...», a confié une jeune femme à la sortie de l'église, avant de ravaler ses larmes.

Derrière elle, une sans-abri roupillait sur le parvis de l'église, le visage tourné vers le soleil, forçant les passants à la contourner sur le trottoir.

Une procession de fidèles et de religieux a ensuite quitté l'église pour aller se mélanger à la foule devenue compacte devant la rue Boylston. L'attroupement a débordé un peu, bloquant momentanément la circulation.Des paroissiens ont distribué parmi la foule des feuilles sur lesquelles étaient imprimées des paroles de chansons patriotiques et religieuses. Les gens se sont aussitôt exécutés, non sans d'abord avoir gardé une minute de silence à la mémoire des victimes.

Des centaines de personnes se sont mises à chanter à l'unisson, frapper des mains, s'enlacer et pleurer.

La femme qui somnolait un peu plus tôt sur le parvis de l'église était assise sur une branche d'un magnolia fleuri en retrait et chantait en balançant ses jambes dans le vide.