Deux cousins morts en kamikazes à Bruxelles, un frère emprisonné pour «terrorisme»: Oussama Atar, 32 ans, dont huit passés dans les geôles irakiennes, est activement recherché par les enquêteurs belges pour sa participation présumée aux attentats qui ont fait 32 morts le 22 mars dans la capitale belge.

Ce Belgo-Marocain, qui n'a pas donné signe de vie «depuis au moins deux ans», est l'un des hommes «les plus recherchés de Belgique et même d'Europe», affirme à l'AFP une source proche du dossier. «Vous avez vu son pedigree ?»

D'abord la famille. Deux de ses cousins, les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui se sont fait exploser, avec un troisième kamikaze, lors des attentats de Bruxelles.

Son propre frère Yassine est arrêté cinq jours plus tard avec deux autres hommes dans le cadre d'une «opération judiciaire antiterroriste». Il est toujours en détention préventive.

Enfin, Oussama Atar fait aussi partie de la famille de Moustapha (40 ans) et Jawad Benhattal (29 ans), arrêtés le 18 juin pour «tentative d'assassinat dans un contexte terroriste».

Tous deux sont soupçonnés, selon la presse belge, d'avoir voulu commettre un attentat avec un complice soit pendant une retransmission publique du match de l'Euro Belgique-Irlande, soit dans une artère commerçante de Bruxelles.

Tout récemment, l'entourage d'Oussama Atar a encore été visé par huit perquisitions, menées dans la nuit du 11 au 12 août, près de Bruxelles. Pas de traces d'arme ni d'explosif, mais sa mère, sa soeur et l'un de ses amis ont été arrêtés, avant d'être relâchés quelques heures plus tard.

«Comme je l'ai dit à la police, je n'ai aucun contact avec lui», assure sa soeur Asma, jointe par l'AFP. «Ça se compte en années», précise cette infirmière, qui reste cependant évasive sur la date du dernier contact.

Puis elle ajoute: «Il y a un acharnement au niveau médiatique. Il y a beaucoup de choses qui sont fausses.»

Elle rejette ainsi l'étiquette de possible «cerveau» ou «mentor» des attentats de Bruxelles dont l'affuble la presse belge ou le rôle qu'il aurait pu jouer dans «la radicalisation d'Ibrahim et Khalid» El Bakraoui.

Trois ans dans la prison d'Abou Ghraib

Loin d'être un inconnu, Oussama Atar avait été interpellé fin 2004 à Ramadi, en Irak, alors en pleine guerre un an et demi après l'intervention américaine. Ramadi était alors un des bastions de l'insurrection djihadiste en Irak et de l'organisation qui allait se baptiser plus tard État islamique.

Le Belgo-Marocain avait été condamné à 10 ans de prison pour avoir illégalement franchi la frontière entre la Syrie et l'Irak, souligne son avocat de l'époque, Me Vincent Lurquin, qui se dit aujourd'hui «étonné de la façon dont on présente» son ancien client.

Emprisonné dans plusieurs établissements irakiens, dont trois ans dans la fameuse prison d'Abou Ghraib, selon son avocat, il était retourné en Belgique après sa libération en septembre 2012.

Sa famille ayant choisi de médiatiser son cas dans l'espoir de le faire libérer, il avait à l'époque bénéficié d'une campagne de soutien de la part de personnalités politiques ou d'ONG, comme Amnesty International qui le disait souffrant.

Sur une affiche de 2010, intitulée «L'oublié belge détenu en Irak», on le voit l'air juvénile, sourcils épais, fine moustache.

Me Lurquin «ne sait pas» ce qu'est devenu son client depuis leur seule et unique rencontre, le lendemain de son retour en Belgique, lors de son audition par un juge d'instruction. «Il devait peser 45 ou 46 kg», se rappelle-t-il.

Dans une interview en 2011 au quotidien Le Soir, Oussama Atar avait expliqué être allé en Syrie «pour étudier l'arabe», avant de se rendre en Irak par l'intermédiaire d'une association pour y acheminer des médicaments.

Il avait alors nié avoir fait «de mauvaises rencontres»: «En Syrie, j'ai toujours été en lien avec mon gouvernement et ma famille. Dans ce contexte, comment aurais-je pu être en contact avec Al-Qaïda ou une autre organisation de ce genre ? Je n'ai jamais été accusé de terrorisme.»