Mohamed Abrini, inculpé pour les attaques du 13 novembre à Paris et qui a reconnu être le «troisième homme» de l'attentat à l'aéroport de Bruxelles, justifiait dans un «testament» les tueries à Paris et «laissait entrevoir» sa volonté de mourir en martyr, selon les enquêteurs belges.

La police belge tire cette conclusion de l'exploitation d'un ordinateur portable retrouvé le 22 mars, jour des attentats de Bruxelles, à Schaerbeek, une commune bruxelloise, à proximité de l'une des planques utilisées par les commandos, indique un procès-verbal du 11 avril de la police judiciaire fédérale dévoilé mercredi par la télévision publique RTBF et que l'AFP a pu également consulter.

Dans cet ordinateur, les enquêteurs ont retrouvé parmi les fichiers effacés un «document Word» daté du 2 février 2016 et signé «Abou Yahya», dont «il est raisonnable de penser» qu'il s'agit d'une lettre adressée à sa mère par Mohamed Abrini, écrit l'enquêteur dans son rapport adressé à la juge d'instruction bruxelloise chargée du dossier.

Dans cette lettre écrite en majuscules et truffée de fautes d'orthographe, qui «peut être considérée comme son testament», selon la police, l'auteur affirme s'être rendu en Syrie et s'être «intéressé davantage à la religion» après la mort de son jeune frère en Syrie. «Après quelques recherches, l'État islamique (EI) est apparu comme légitime à ses yeux».

Selon le résumé de l'enquêteur, le premier «élément essentiel» à retenir est que «l'auteur approuve les attentats du 13 novembre 2015 à Paris», qu'il «justifie comme étant un juste retour des choses de la part des «musulmans» à l'égard de la France, notamment en raison de sa participation à la coalition dirigée contre l'État islamique».

Il qualifie de «héros» celui «qui se fait exploser pour terrifier» les infidèles, selon la lettre consultée par l'AFP.

En outre, «l'esprit de la lettre ainsi que son contenu laissent clairement entrevoir la volonté de l'intéressé de mourir en martyr, probablement au cours d'une attaque terroriste future», ajoute l'enquêteur.

À l'attention de la juge d'instruction, le policier souligne d'ailleurs que «le testament fait le lien entre l'État islamique et les attentats perpétrés tant à Paris qu'à Bruxelles». Le texte «corrobore les aveux de Mohamed Abrini quant au fait qu'il reconnaît être le 3e homme --dit «au chapeau»-- du commando ayant sévi à l'aéroport de (Bruxelles-) Zaventem».

Les attentats de Paris et Bruxelles ont été revendiqués par l'EI.

Mohamed Abrini, 31 ans, un petit délinquant belge d'origine marocaine de la commune de Molenbeek, a été arrêté le 8 avril à Bruxelles.

Il avait été repéré avec les frères Brahim et Salah Abdeslam peu avant les tueries de Paris, notamment dans le convoi emmenant les assaillants de Belgique en région parisienne.

Selon des médias belges, Mohamed Abrini aurait minimisé son implication dans les attentats de Bruxelles lors de ses premières déclarations devant les enquêteurs, affirmant avoir été poussé à y participer par les frères El Bakraoui, deux des trois kamikazes morts le 22 mars.