Après un accord vendredi sur de nouvelles mesures de sécurité, Bruxelles espère rouvrir son aéroport international dimanche, douze jours après les attentats meurtriers qui ont aussi eu de lourdes conséquences pour ce poumon de l'économie belge.

«On espère que la réouverture pourra intervenir dimanche matin», a déclaré une source gouvernementale à l'AFP, après un accord vendredi soir avec les syndicats de police qui réclamaient une sécurité renforcée dans les aéroports du royaume après les attentats du 22 mars.

L'aéroport, dont le hall des départs a été dévasté par un double attentat-suicide, est depuis jeudi «techniquement prêt» pour accueillir de nouveau des voyageurs dans un bâtiment provisoire, à 20% de sa capacité normale d'absorption des enregistrements, selon son exploitant Brussels Airport.

L'ultime feu vert à la reprise partielle de l'activité à Zaventem devait désormais être donné à Brussels Airport par le gouvernement, vraisemblablement samedi.

Les syndicats de police menaçaient de faire grève s'ils n'obtenaient des mesures de sécurité supplémentaires. Ils demandaient notamment un «contrôle systématique» des passagers et bagages avant l'entrée dans l'aéroport.

Selon Vincent Gilles, responsable du syndicat SLFP-Police, ils ont eu gain de cause à «90%», obtenant en tout cas que ces contrôles aient lieu avant le franchissement des douanes réservé aux seuls passagers qui embarquent.

La direction de l'aéroport refusait l'éventualité de contrôles avant l'accès au terminal, craignant la création de files d'attente vulnérables aux attaques terroristes à l'extérieur du bâtiment.

Réservations en berne

Avec 260 entreprises intervenant dans ses murs, et 20 000 personnes qui y travaillent (tous ne sont pas au chômage technique depuis le 22 mars, selon Brussels Airport, qui ne donne pas de chiffre), l'aéroport de Bruxelles-Zaventem est l'un des principaux employeurs de Belgique. Il revendique le rang de «deuxième pôle de croissance économique» après le port d'Anvers, avec une contribution d'environ trois milliards d'euros au produit intérieur brut (PIB).

Et certains acteurs économiques commençaient à s'impatienter, reconnaît la porte-parole de Brussels Airport, Florence Muls. «On a eu des marques de soutien mais aussi des questions, par exemple des offices du tourisme, qui comptent sur nous pour rétablir la situation», dit-elle.

Peu d'entreprises ont chiffré à ce stade leur manque à gagner hormis la compagnie aérienne Brussels Airlines (établie à Zaventem), qui l'évalue à cinq millions d'euros par jour. En dix jours c'est ainsi l'équivalent des bénéfices de 2015 (41,3 millions) qui s'est évaporé, «la plus grande crise» de son histoire.

Dans la région de Bruxelles, le taux d'occupation des hôtels a chuté de moitié depuis le 22 mars, selon un organisme professionnel. Entre la troisième semaine de mars (celle des attaques) et la dernière (tout juste écoulée), les réservations de transport pour de futurs séjours à Bruxelles ont également reculé de 50%, d'après l'office de tourisme de la capitale.

«On est dans la même configuration qu'après les attentats de Paris», tempère son PDG Patrick Bontinck, soulignant que les touristes sont également moins nombreux en France, à Berlin ou à Londres, par «crainte» du terrorisme. Cette moindre fréquentation n'est pas uniquement liée à la fermeture de l'aéroport, «25-30%» seulement des visiteurs utilisant l'avion comme moyen de transport, selon lui.

Mais pour les experts interrogés par l'AFP, peu importent les conséquences économiques, la fermeture prolongée du trafic voyageurs (celui du fret a repris dès la semaine dernière) démontre simplement que Brussels Airport a mis la sécurité en tête des priorités.

«Ils ne veulent pas agir dans la précipitation, se préparent forcément à l'éventualité d'un autre attentat et comment y répondre», souligne Anne-Marie Pellerin, consultante sur les questions de sécurité dans l'aérien.

L'aéroport a subi d'importants dégâts matériels et la reconstruction complète prendra des mois, selon David Bentley, autre analyste spécialisé. «Souvenez-vous de la toiture effondrée à Paris-CDG (qui avait causé cinq morts en 2004, dans un terminal flambant neuf, NDLR), ils veulent être à 100% sûrs que quelque chose comme ça ne puisse pas survenir.»