Les Bruxellois allaient pouvoir commencer à souffler, hier, alors que beaucoup se sont levés en apprenant l'arrestation de six suspects dans une opération antiterroriste et la réouverture - partielle - du réseau de métro de la capitale.

Après les trois jours de deuil national, la vie reprenait ses droits sur la capitale. Place de la Bourse, la pluie en matinée brouillait les dessins à la craie et éteignait les bougies et lampions.

« Maintenant, je n'ai pas peur, je reprends ma vie », assure Stéfanie, rencontrée station Gare Centrale, entre deux patrouilles de militaires en armes.

Arrestation spectaculaire

Un retour au calme toutefois troublé par une spectaculaire arrestation dans le quartier de Schaerbeek, au coeur de l'enquête, où les policiers ont tiré sur un suspect.

C'est vers 13 h 30 que les policiers sont intervenus place Meiser, un carrefour important de Schaerbeek, pour arrêter un homme qui serait lié à une autre opération survenue jeudi soir à Argenteuil, en banlieue parisienne. Selon les médias belges, l'homme aurait refusé d'obéir aux ordres de la police avant d'être atteint par deux balles à la jambe. Un robot démineur aurait ensuite procédé à une inspection pour voir s'il ne portait pas d'explosifs sur lui, avant l'intervention des services d'urgence. Une vidéo montre qu'un enfant a dû être évacué du quai du tramway où l'opération est survenue.

Abdeslam muet

Le ministre belge de la Justice a par ailleurs affirmé, hier, que Salah Abdeslam, présumé participant aux attentats de Paris, était muet comme une carpe depuis qu'il avait appris que Bruxelles avait été attaquée.

« Le procureur fédéral vient de m'informer que Salah Abdeslam ne voulait plus parler depuis les attaques de Zaventem et du métro de Bruxelles », a souligné le ministre Koen Geens lors d'une réunion d'une commission parlementaire consacrée au terrorisme, devant les députés.

Dans les jours suivant son arrestation, le jeune homme discutait pourtant avec ses interrogateurs. Selon le quotidien Le Monde, qui a obtenu les comptes rendus de ces discussions, il a notamment affirmé très peu connaître Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau des attentats de Paris.

Jeudi, son avocat a affirmé que son client ne savait pas que des attentats allaient être commis à Bruxelles.

Un officier de liaison montré du doigt

Koen Geens et son homologue de la Sécurité publique, Jan Jambon, ont témoigné devant les députés pour s'expliquer sur les failles de sécurité dans lesquelles ont pu se glisser les auteurs des attaques de mardi.

Au coeur du débat : une déclaration des autorités turques selon laquelle la Belgique avait bien été avertie de la dangerosité d'Ibrahim El Bakraoui, présumé kamikaze de l'aéroport. Les ministres belges imputent la lenteur de la transmission des informations à un officier de liaison posté à l'ambassade belge en Turquie. « Je ne peux que conclure qu'une personne a été pour le moins négligente, pas très proactive ni très engagée », a affirmé M. Jambon, selon l'agence de presse Belga.

« Tourner la page »

Malgré tout, en matinée, la vie a repris son cours pour bien des Bruxellois. Le réseau de métro fonctionnait partiellement : seul un nombre limité de stations étaient ouvertes et le système s'arrêtait complètement à 19 h. La station Maelbeek n'était même pas traversée par les rames, relayées par une ligne de bus pour cette partie du trajet. Tout de même.

« Je suis content. Parce qu'il faut bien tourner la page, il faut bien commencer à vivre comme avant », a dit Fayssal Hajji, un facteur dont le trajet l'amenait à prendre le métro avec son sac de lettres. « Et de toute façon, si ça doit arriver de nouveau, on ne peut pas le prévoir. » Même portrait pour Raisa Bechir. « Il n'y avait personne pour contrôler les sacs, c'est déjà un bon signe », explique-t-elle.

Hollande évoque un réseau « anéanti »

De l'autre côté de la frontière franco-belge, à Paris, le président François Hollande s'est félicité de la destruction complète de la cellule terroriste qui aurait perpétré les attentats de Paris et Bruxelles. Elle est « en voie d'être anéantie », mais il y a d'« autres réseaux » qui constituent « une menace », a-t-il déclaré hier, selon l'AFP. « Nous avons eu des résultats pour retrouver les terroristes et, aussi bien à Bruxelles qu'à Paris, il y a eu un certain nombre d'arrestations », a-t-il ajouté.