Les attentats qui ont frappé Bruxelles mardi visent, au-delà de la Belgique, les valeurs démocratiques de l'Europe dont la capitale belge, siège de l'UE et de l'OTAN, est le symbole, ont souligné de nombreux dirigeants européens.

Les 28 chefs d'État et de gouvernement de l'UE et les dirigeants des institutions européennes ont dénoncé une attaque contre «notre société ouverte et démocratique», dans un communiqué commun.

Fondant en larmes alors qu'elle évoquait «un jour très triste pour l'Europe», la chef de la diplomatie européenne, l'Italienne Federica Mogherini, s'est exprimée avec le plus d'émotion face à ces attentats revendiqués par l'organisation État islamique.

Choisie pour accueillir les institutions communautaires, Bruxelles incarne la volonté de surmonter par une coopération pacifique le désastre du dernier conflit mondial et dépasser les antagonismes historiques entre les puissances du continent.

Mais les réactions laissent poindre la crainte de voir ces attentats alourdir encore le climat qui mine déjà la construction européenne: crise migratoire, difficultés économiques, montée des populismes, risque de départ de la Grande-Bretagne.

«L'effroi est aussi illimité que la détermination à vaincre le terrorisme», a déclaré Angela Merkel à Berlin. Pour la chancelière allemande, les auteurs de ces attaques sont des «ennemis de toutes les valeurs de l'Europe».

Le président français François Hollande a estimé «qu'à travers les attentats de Bruxelles, c'est toute l'Europe qui est frappée». Son premier ministre Manuel Valls a qualifié ces attaques contre l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et une station de métro proche des bâtiments de l'UE «d'actes de guerre».

Même écho en Italie, où pour le président Sergio Matterella les attentats «confirment de manière tragique que l'objectif du terrorisme fondamentaliste est la culture de liberté et la démocratie».

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, a plaidé de son côté pour «un pacte européen pour la liberté et la sécurité».

Pour le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, «c'est dans ces moments que l'on se rend compte que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. C'est la lutte pour la démocratie, pour la liberté et pour les droits de l'homme, pour la dignité».

À Madrid, le chef du gouvernement sortant Mariano Rajoy a appelé à «l'unité des démocrates en Europe» contre «la barbarie».

Le premier ministre suédois Stefan Löfven, tout comme son homologue néerlandais Mark Rutte, a dénoncé une attaque contre «nos sociétés ouvertes».

Le premier ministre danois Lars Løkke Rasmussen a lui aussi appelé à «rester unis dans notre lutte pour les valeurs européennes».

Pour le premier ministre grec Alexis Tsipras, «la peur, la haine religieuse et le racisme ne doivent pas vaincre l'Europe»

«Nous sommes tous Bruxellois» a réagi, en français, son ministre des Affaires étrangères Nikos Kotzias sur Twitter.

Pour le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, «le terrorisme ne vaincra pas la démocratie et ne nous enlèvera pas nos libertés».

«Violence aveugle»

Le pape François a condamné «la violence aveugle qui engendre tant de souffrances».

Le ministre des Affaires étrangères de Norvège, membre de l'OTAN et proche de l'UE, Borge Brende, a relevé que «pour la plupart des gens, Bruxelles est synonyme de coopération pacifique entre les pays européens»

À Londres, le premier ministre David Cameron a affirmé que «nous ne laisserons jamais ces terroristes gagner». Son gouvernement a quand même conseillé aux Britanniques de ne pas se rendre à Bruxelles.

Et les partisans d'une sortie du pays de l'UE (Brexit) lors du référendum prévu en juin ont rapidement cherché à récupérer l'événement pour plaider leur cause.

«David Cameron dit que nous sommes plus en sécurité dans l'UE. Eh bien, je suis en plein coeur de l'UE et l'endroit ne me semble pas très sûr», a déclaré un porte-parole du parti Ukip, Mike Hookem, depuis Bruxelles.

En dehors de l'UE, le président américain Barack Obama, en visite à La Havane, a appelé le monde à «s'unir» face à ceux qui «menacent la sécurité» des peuples.

Pour le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump, «la Belgique est devenue un film d'horreur».

À Moscou, le président Vladimir Poutine a estimé que «le terrorisme ne connaît pas de frontières», préconisant «la coopération internationale la plus active».

Le président turc Racep Tayyip Erdogan, dont le pays connaît une vague d'attentats attribués à des séparatistes kurdes et aux djihadistes de l'État islamique, a déclaré que les auteurs de ces actes «ne respectent aucune valeur ni aucune limite humaine ou morale».

Des «attaques méprisables»

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a dénoncé de son côté «des attaques méprisables (qui) frappent le coeur de la Belgique et le centre de l'Union européenne».

M. Ban, cité par son porte-parole Stéphane Dujarric, a «exprimé sa solidarité avec le peuple et le gouvernement belges».

«Je suis certain, a-t-il ajouté, que la Belgique et l'Union européenne continueront de répondre à la haine et à la violence dont elles sont victimes aujourd'hui par un engagement sincère et durable en faveur des droits de l'homme, de la démocratie et de la coexistence pacifique».

Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil de sécurité ont «condamné le plus fermement possible» les attentats de Bruxelles qui ont fait au moins 34 morts et 200 blessés, et ont «exprimé leur solidarité avec la Belgique dans sa lutte contre le terrorisme».

Ils ont souligné «la nécessité d'intensifier les efforts régionaux et internationaux pour surmonter le terrorisme et l'extrémisme violent, qui peut conduire au terrorisme».

Le président de l'Assemblée générale de l'ONU Mogens Lykketoft a lui aussi condamné les attentats de Bruxelles, se déclarant «horrifié par ces attaques terroristes». «Les actes de terrorisme sont injustifiables quelles que soient leurs motivations», a-t-il souligné dans un communiqué.

Il a «réaffirmé la nécessité pour tous les États de combattre par tous les moyens (...) les menaces à la paix et à la sécurité internationales provoquées par les actes terroristes».

Le Haut comité des négociations (HCN) syrien, qui rassemble les groupes-clés de l'opposition au régime de Damas, a condamné «le plus fermement» ces attentats. «Le monde doit être uni pour vaincre le terrorisme».

En Iran, Hossein Jaber Ansari, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a appelé à une «réaction globale contre ce phénomène néfaste (du terrorisme) et les centres politiques et financiers qui le soutiennent».

Al-Azhar, prestigieuse institution de l'islam sunnite basée en Égypte, a condamné des «crimes haineux qui violent les enseignements tolérants de l'islam».

En Israël, le ministre des Sciences, de la Technologie et de l'Espace, Ofir Akounis, a quant à lui accusé l'Europe d'avoir ignoré le danger posé par «des cellules terroristes islamiques» sur son sol et d'avoir préféré critiquer Israël.