Des chiens à caresser, des donneurs d'accolades ou encore des psychologues volontaires: devant le mémorial dressé près de la ligne d'arrivée du marathon, les Bostoniens traumatisés par l'attentat rendent hommage aux victimes, mais trouvent aussi du réconfort.

«On a commencé mardi dernier avec trois drapeaux américains et puis les gens n'ont plus arrêté d'apporter des fleurs, des peluches, toutes sortes de choses», confie Kevin Brown, un vieil homme en casquette qui s'est porté volontaire pour recueillir les objets qui s'accumulent au coin des rues Berkeley et Boylston, en hommage aux victimes.

«Une femme a même déposé ce matin ses chaussures de course et est repartie pieds nus», dit-il, peu après la minute de silence observée lundi après-midi, sept jours après le drame.

Parmi les gerbes de fleurs, les prières, les mots d'encouragement ou encore les drapeaux américains, trois croix blanches dressées en mémoire des victimes de l'attentat.

«L'homme qui les a apportées est venu en voiture depuis le Colorado (sud-ouest)», raconte Kevin Brown. «Toute cette solidarité des quatre coins du monde, c'est bouleversant et ça nous aide à nous remettre».

«Les mémoriaux ont leur part dans la guérison collective», explique Sharon Friedman, une psychologue pour la Croix Rouge. «Toute sorte de gens viennent ici pour réfléchir mais aussi pour relâcher leurs émotions: à eux tous ils créent une communauté de guérison».

C'est le deuxième jour que cette volontaire est venue prodiguer paroles chaleureuses ou encore distribuer discrètement des tracts sur lesquels les parents trouvent des conseils pour parler à leurs enfants.

«Il ne s'agit pas de faire une thérapie sur le trottoir, il s'agit de rappeler aux gens de prendre soin de leur santé, de se nourrir et de boire, et de ne pas avoir peur d'aller voir un professionnel si la tristesse est trop importante d'ici deux à trois semaines».

Thérapie de la caresse

Tom Davies est lui venu avec son Golden Retriever spécialement dressé pour venir en aide aux personnes hospitalisées après un traumatisme. Volontaire lui aussi, il appartient à l'association «Therapy dogs international» qui compte plus de 600 chiens à travers les Etats-Unis.

Touristes mais aussi Bostoniens s'approchent de l'animal au pelage soyeux, le caressent, sourient. «Ce chien permettent à ces gens de s'échapper, de relâcher la tension. Parfois, certains pleurent et cela fait aussi partie du processus d'évacuation du stress».

Depuis mardi dernier, John Abbot, qui a abandonné le marathon au kilomètre 25, s'est recueilli presque tous les jours au mémorial, au nom d'une de ses amies, grièvement blessée dans l'explosion.

L'école où il enseigne est au coin de la rue et il se réjouit que ses élèves puissent «voir ce déluge d'hommages». «Cela leur permet de comprendre que ce qu'il s'est passé n'est pas un simple titre dans l'actualité».

«En surface, Boston est une ville très froide mais en grattant un peu sous les apparences, voilà ce qu'on trouve: des gens qui sont capables de montrer vraiment ce qu'ils ressentent. Notre communauté en sort renforcée», ajoute-t-il.

Le long des barricades dressées pour les besoins de l'enquête sur six pâtés de maison autour du lieu de l'attentat, Alexis Tubens est engagé dans un simulacre de conversation avec son perroquet blanc. Une jeune femme rit et lui caresse la crête.

«J'aime voir un sourire sur le visage des gens, c'est pour ça que je suis venu aujourd'hui», confie-t-il, un brassard du marathon encore noué autour du cou. «Je suis venu ici pour rendre hommage aux morts et aider les vivants à retrouver le sourire».

«Quand je vois ces trois croix blanches et cette ligne d'arrivée où je me tenais encore il y a une semaine, je ressens une immense gratitude d'être encore en vie», explique une jeune femme qui préfère garder l'anonymat. «Ce mémorial me permet de me rappeler que cela aurait pu être moi».