L'enquête sur l'attentat de Boston s'est orientée samedi sur le parcours des deux suspects, les frères Tsarnaev, les policiers espérant vite interroger le cadet, Djokhar, hospitalisé dès sa capture après avoir été grièvement blessé.

Après le soulagement des Américains à l'issue de quatre jours d'angoisse depuis les attentats qui ont endeuillé le marathon, est venu le temps des questions.

Le jeune homme de 19 ans, arrêté après 24 heures de traque dans un bateau entreposé dans un jardin à Watertown, une banlieue à l'ouest de Boston, était samedi à l'hôpital Beth Israel sous surveillance policière, là où des victimes de l'attentat sont également hospitalisées.

Dzhokhar Tsarnaev est dans un état «sérieux mais stable. Je pense qu'il n'est pas encore en état de communiquer», a déclaré samedi à la presse le gouverneur du Massachusetts Deval Patrick.

Des procureurs fédéraux sont arrivés samedi matin à l'hôpital, a constaté l'AFP, et travaillaient à l'élaboration des chefs d'inculpation et sur les peines encourues.

Des enquêteurs cités par CBS ont indiqué que Tsarnaev était gravement blessé à deux endroits et avait perdu beaucoup de sang. Selon la chaîne de télévision, les enquêteurs ont émis l'hypothèse qu'une blessure à l'arrière de son cou pourrait être la marque d'une tentative de suicide.

Par ailleurs, les enquêteurs ont publié dans la journée des images thermiques saisissantes, prises par un hélicoptère de police, des derniers instants de liberté de Tsarnaev dans le bateau recouvert par une bâche où il s'était réfugié.

Elles montrent Tsarnaev dormant blessé tandis qu'un bras robotique se rapproche afin de soulever la bâche et de permettre aux caméras de scruter l'intérieur.

Le jeune homme pourrait être passible de la peine de mort si le ministre de la Justice Eric Holder le décidait, selon Carmen Ortiz, ministre de la Justice de l'État du Massachusetts.

Des procureurs fédéraux sont arrivés samedi matin à l'hôpital, a constaté l'AFP, et travaillaient à l'élaboration des chefs d'inculpation et sur les peines encourues.

Le jeune homme pourrait être passible de la peine de mort si le ministre de la Justice Eric Holder le décidait, selon Carmen Ortiz, ministre de la Justice de l'État du Massachusetts.

L'attentat a fait trois morts et près de 180 blessés et un policier a été tué et un autre grièvement blessé au cours de la traque.

Le frère aîné, Tamerlan, 26 ans, a été tué jeudi soir lors d'une course poursuite avec la police. Selon le Washington Post, il était marié à une Américaine de 23 ans et père d'une petite fille.

Lors de leur accrochage avec les policiers, les frères Tsarnaev avaient en leur possession, six bombes, une arme de poing et un fusil,  a déclaré samedi sur CNN Edward Deveau, le chef de la police de Watertown.

C'est durant cette fusillade que le cadet, qui avait réussi à s'enfuir, a été blessé, selon le chef de la police de Boston Ed Davis. Selon l'université Dartmouth qu'il fréquentait, citée par les médias, Djokhar a continué à suivre les cours après les attentats jusqu'au jour de la fusillade.

Pour tirer le maximum d'informations, le FBI pourrait invoquer dans un premier temps «l'exception de sécurité publique» pour l'interroger, selon plusieurs médias américains.

Cette mesure signifie que Djokhar Tsarnaev ne bénéficierait pas des droits dits Miranda, qui prévoient qu'il peut garder le silence et est informé qu'il peut être assisté d'un avocat pendant les interrogatoires.

«Il est absolument vital qu'il soit interrogé afin d'en tirer des renseignements», ont plaidé dans un communiqué des élus républicains, dont les sénateurs John McCain et Lindsay Graham.

Bien que la loi ne le prévoit pas, ils demandent que le jeune homme d'origine tchétchène ayant obtenu la nationalité américaine l'an passé, soit placé sous le statut d'«ennemi combattant», comme le sont les détenus de Guantanamo.

«Des musulmans fervents»

Vendredi soir, tout en se réjouissant du dénouement, le président Barack Obama a souligné qu'il restait encore «beaucoup de questions sans réponse» dans cette affaire.

«Comment ont-ils planifié et exécuté ces attentats? Et ont-ils reçu une aide quelconque?», s'est-il demandé.

La question du motif notamment reste entière. Et les enquêteurs devront aussi déterminer si les deux frères ont bénéficié de complicités, aux États-Unis ou à l'étranger.

Les deux frères avaient immigré en 2003 aux États-Unis, et vivaient depuis plusieurs années à Cambridge, dans la banlieue de Boston.

Si Tamerlan affirmait n'avoir «aucun ami américain», Djokhar, qui n'avait pas 10 ans à son arrivée aux États-Unis, semblait totalement intégré.

Leur père, Anzor Tsarnaev, les a décrits comme «des musulmans fervents», depuis la capitale du Daguestan, Makhatchkala. Selon lui, «les services spéciaux (américains) ont piégé» ses enfants. Il était en route samedi pour Boston, selon CNN.

Le FBI a indiqué qu'il avait interrogé Tamerlan en 2011 «à la demande d'un gouvernement étranger» non précisé. Selon une source policière citée par le New York Times, c'est la Russie qui avait émis cette demande.

Tamerlan au Daguestan en 2012

«Cette requête était fondée sur une information selon laquelle il était un partisan de l'islam radical et un fervent croyant et qu'il avait drastiquement changé en 2010 alors qu'il se préparait à quitter les États-Unis pour se rendre dans la région du pays (qui avait requis la coopération du FBI, ndlr) afin de joindre des groupes clandestins non précisés», affirme la police fédérale dans un communiqué.

Après vérification des communications de Tamerlan, des sites internet qu'il fréquentait et un entretien avec lui et des gens de son entourage, le FBI n'avait trouvé trace «d'aucune activité terroriste».

Anzor Tsarnaev, a indiqué dans un entretien au Wall Street Journal que Tamerlan lui a rendu visite au Daguestan entre janvier et juillet 2012. «Il n'a fait que rendre visite à des membres de la famille», a-t-il confié. Père et fils s'étaient même rendus en Tchétchénie pour voir d'autres parents.

À Moscou, le Kremlin a souligné samedi que M. Obama et le président russe Vladimir Poutine avaient convenu par téléphone de renforcer leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme.

Les enquêteurs cherchaient par ailleurs à en savoir plus sur le mode opératoire des frères Tsarnaev, qui ont utilisé deux bombes rudimentaires, des cocottes-minute chargées de clous et de billes.

Samedi, Interpol a lancé une alerte sur les caractéristiques des explosifs utilisés, afin de renforcer la sécurité internationale et vérifier si des engins similaires ont déjà été utilisés.