De nombreux Montréalais, dont plusieurs ressortissants français, se sont réunis devant l'hôtel de ville de Montréal et le consulat général de France à Montréal, mercredi soir, pour honorer la mémoire des victimes de l'attentat contre le journal satirique français Charlie Hebdo, dénoncer l'extrémisme et clamer l'importance de la liberté de la presse.

Plusieurs participants, à la fois émus et choqués, ont confié à La Presse Canadienne avoir tenu à faire entendre leur voix, face à une attaque visant à faire taire un symbole de la liberté d'expression.

Bruno Clerc, consul général de France à Montréal, a pris la parole en affirmant que la France allait «poursuivre le combat pour la liberté». Il a dit que jamais le peuple français n'allait se laisser intimider.

«On attaque odieusement un journal, pourquoi? Parce qu'il est le symbole de la liberté d'expression. La Liberté d'expression, c'est la démocratie. Et la démocratie, c'est la France», a-t-il lancé devant des centaines de citoyens ébranlés.

Certains néo-Québécois d'origine française étaient à la fois émus et choqués par les événements de Charlie Hebdo. Amin Guidara, un jeune Français aux racines musulmanes qui vit à Montréal, a confié sa grande détresse.

«Je suis le produit de deux cultures et, aujourd'hui, mes deux cultures semblent s'affronter, c'est ça qui est dure. Pourtant on peut vivre ensemble, c'est possible», a-t-il laissé tomber, en sanglot.

Plus tôt, devant l'hôtel de ville de Montréal, de nombreux élus de toutes les formations politiques montréalaises, mais aussi des leaders spirituels de plusieurs communautés religieuses, étaient de l'événement. Ils ont tenu à exprimer toute l'horreur que leur inspire cette attaque.

«Aujourd'hui, nous sommes tous Français. Aujourd'hui, nous sommes tous Charlie. Nous crions haut et fort notre solidarité», a affirmé le maire de Montréal, Denis Coderre, en s'adressant à la foule.

Mohamad Sawan, du Centre islamique libanais, de même que l'imam Nabil Abbas, étaient au côté du maire. Ils ont tenu à dénoncer avec vigueur les attaques attribuées à des membres de la communauté musulmane.

«On était estomaqué en voyant cet attentat. Ça nous a rappelé le 11-Septembre, on est sous le choc. Nous dénonçons vivement l'événement», a confié M. Sawan.

Plusieurs ont rendu hommage aux victimes en tenant à bout de bras des stylos, comme ceux des caricaturistes, ou des affichettes sur lesquelles on pouvait lire «Je suis Charlie».

«On s'en est pris à des gens qui avaient pour seul arme l'humour. Nous n'avons pas peur et on ne peut s'en prendre ainsi à nos libertés», a soutenu Charlotte Mauffrey, une jeune Française vivant à Montréal depuis deux ans.

Un autre Français, Matthieu Guilhem, craint la suite des choses.

«Quand on se réveille un matin dans son pays d'adoption et qu'on réalise que dans son pays natal, la liberté de presse a été bafouée, ça nous atteint au coeur. Je crains une radicalisation politique en France, surtout que les élections présidentielles ne sont pas si loin. C'est très préoccupant», a-t-il indiqué.

Plusieurs Québécois interpellés par la tragédie ont tenu à faire entendre leur voix, en compagnie de leurs cousins français.

Le calme du rassemblement devant la mairie a été perturbé quelques instants par des individus isolés, qui ont accusé les religions d'être responsables de la radicalisation de certains individus.

«Non à la religion! Non à la religion!», ont scandé quelques personnes, interrompant le discours du maire de Montréal. «On va vous avoir dans le détour», a même lancé un homme à l'intention d'un imam venu dénoncer l'attaque de Paris.

Plus tôt mercredi, en point de presse, le maire Denis Coderre a transmis ses condoléances au peuple français et à son homologue de Paris, Anne Hidalgo.

Il a annoncé que le drapeau de la Ville de Montréal serait mis en berne, en solidarité avec la France, pour une durée de trois jours.