Les 13 novembre se suivent et ne se ressemblent pas. Un an tout juste après les attentats qui ont fait 130 victimes et 415 blessés, Paris s'est souvenu dans le calme, hier. La Presse s'est rendue dans les 10e et le 11e arrondissements pour assister à cette journée de recueillement très «profil bas».

Mairie du 11e arrondissement (place Léon-Blum)

Moment fort. Deux voix, un homme et une femme, égrènent lentement et clairement les noms des 90 personnes mortes au Bataclan. Puis on lâche des centaines de ballons colorés dans un ciel triste. Parmi les invités, on aperçoit Jesse Hugues, chanteur des Eagles of Death Metal, le groupe qui jouait au Bataclan le soir des attaques. Un peu plus tôt le matin, sept plaques commémoratives ont été dévoilées par le président François Hollande et la mairesse Anne Hidalgo sur les lieux des attentats. Ce seront les deux seules commémorations officielles de la journée.

Place de la République

Une petite pluie tombe sur la ville. Une centaine de personnes se sont donné rendez-vous à la Place de la République, lieu de tous les rassemblements populaires. Un cercle s'est formé autour d'un joueur de piano mélancolique. Pancartes à la main, Jérôme et Cédric offrent de leur côté des câlins gratuits à ceux et celles qui en demandent. « Ça réchauffe, c'est un baume sur le coeur », résume Cédric après nous avoir gratifié d'un gros « man hug ».

Canal Saint-Martin (quai de Valmy)

Ils sont des centaines à s'être réunis au bord du canal. À la brunante, ils déposent des lanternes bleues, blanches et rouges sur l'eau. Ce n'est pas la magie attendue, mais le geste reste symbolique. Sur la lanterne d'Eva, il est écrit « Boubou, avec tout notre amour ». Sur celle de Chantal, « Vive la vie ». « L'an dernier, je n'ai rien fait, j'étais trop choquée. Maintenant, c'est mon instant de recueillement. J'en avais besoin », ajoute Nathalie en exhibant ses quatre lanternes. Un peu plus loin, on rencontre Simon, un infirmier québécois qui aide à coordonner l'activité. Il était à Paris il y a un an. Ému, il a voulu revenir pour s'impliquer. « Je trouvais ça important de fermer la parenthèse », dit-il en affirmant se sentir « un peu plus français » aujourd'hui.

Le Carillon

C'est le premier bar où, l'an dernier, les terroristes ont frappé. Mais hier soir, comme pour conjurer le sort, le Carillon (deux morts) a choisi de faire la fête. De la musique arabe sort des haut-parleurs. L'endroit est plein à craquer. Plusieurs sont venus spécialement pour marquer le coup. « C'était important d'être là, alors on a fait le détour », lance Fabienne, bière à la main et cigarette au bec. De l'autre côté de la rue, le restaurant Petit Cambodge (neuf morts) a plutôt choisi de fermer boutique. À chacun sa façon de souligner ce triste anniversaire.

Bataclan

Un an plus tard à la minute près. Une petite foule se masse devant la salle de spectacle (90 morts), ressuscitée samedi soir avec le concert de Sting. Personne ne parle. On se recueille devant des hommages et des bougies. Face à l'établissement, une dizaine de policiers font le pied de grue sous un panneau publicitaire, qui affiche exceptionnellement la devise de Paris. Fluctuat Nec Mergitur. Battue par les flots, mais ne sombre pas... La journée est terminée, une page est tournée.

photo Philippe Wojazer, reuters

Plusieurs personnes se sont donné rendez-vous à la Place de la République, lieu de tous les rassemblements populaires.

photo Kamil Zihnioglu, associated press

Des lanternes bleues, blanches et rouges ont été déposées sur l'eau du canal Saint-Martin.