Le président français François Hollande veut demander au Parlement la prolongation «pour trois mois», au-delà du 26 février, de l'état d'urgence instauré après les attentats de novembre à Paris, a rapporté vendredi le dirigeant du Parti communiste (PCF) après avoir été reçu à la présidence.

«Le président nous a confirmé que plusieurs textes seraient présentés le 3 février en Conseil des ministres, dont la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence», a déclaré le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, à l'issue d'un entretien avec le chef de l'État.

La présidence française n'a pas confirmé à ce stade cette information.

Décrété le 13 novembre au soir des pires attentats (130 morts, des centaines de blessés) commis en France depuis la Seconde Guerre mondiale, l'état d'urgence doit s'achever le 26 février.

François Hollande, qui a consulté ces derniers jours les principaux dirigeants et partis politiques du pays, a jugé mercredi «probable» de le proroger au-delà de cette échéance, selon le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.

Mais la question fait débat dans le pays, où des magistrats, des partis de gauche et des associations de défense des droits de l'homme s'inquiètent de ce régime d'exception conférant à la police des moyens d'action renforcés sans contrôle d'un juge judiciaire.

«François Hollande ne nous a rassurés que sur un seul point: c'est que l'idée que l'état d'urgence serait prolongé tant que dure la menace de DAECH (NDLR, acronyme arabe du groupe État islamique) n'est pas fondée», a ironisé vendredi Pierre Laurent.

Il faisait référence à l'émoi suscité dans la matinée par un entretien du premier ministre socialiste Manuel Valls à la BBC, dans lequel le chef du gouvernement a estimé que la France pouvait «utiliser tous les moyens» face au terrorisme «jusqu'à ce qu'on puisse en finir avec DAECH».

Ces déclarations ont été interprétées par certains opposants comme une volonté de maintenir l'état d'urgence pendant des années, une intention que les services du chef du gouvernement ont catégoriquement démentie.

Depuis son entrée en vigueur, l'état d'urgence a permis de procéder à près de 400 assignations à résidence et 3000 perquisitions.

Pour la première fois, le Conseil d'État, la plus haute juridiction administrative française, a décidé vendredi de suspendre l'une de ces assignations à résidence et condamné l'État à verser 1500 euros (environ 2300 $) à l'homme concerné.

La Ligue française des droits de l'homme a saisi mercredi cette instance, en demandant de mettre fin à tout ou partie des contraintes de l'état d'urgence.

Mardi, des experts des Nations unies ont recommandé à la France de ne pas prolonger l'état d'urgence au-delà du 26 février, estimant qu'il imposait des «restrictions excessives et disproportionnées aux libertés fondamentales».